Entre le Midwest et les Mountains states se trouvent plusieurs centaines de silos nucléaires armés. Or, le gouvernement américain désire rénover cette « éponge nucléaire » qui contient des missiles balistiques intercontinentaux. Pourquoi ce projet est-il controversé?
Une modernisation des arsenaux nucléaires
Après plusieurs décennies de dénucléarisation, un réarmement a lieu actuellement au sein des neuf puissances nucléaires mondiales, à savoir la Russie, les États-Unis, la Chine, la France, le Royaume-Uni, l’Inde, le Pakistan, la Corée du Nord et Israël. Désormais, ces pays s’attèlent à la modernisation de leur arsenal, sur fond de menace nucléaire réelle.
Alors que les armes de destruction massive semblent aussi importantes dans les relations internationales que lors de la Guerre froide, la Russie s’est retirée du traité New START. Or, il s’agissait du dernier rempart qui limitait les forces nucléaires des puissances russes et américaines. Rappelons tout de même que 90% des 12 121 ogives nucléaires existantes dans le monde se trouvent en Russie et aux États-Unis.
Une « éponge nucléaire » à rénover
Dans ce contexte, les États-Unis désirent ne pas accuser de retard et se focaliser sur leur « éponge nucléaire ». Dans les États du Colorado, des Dakota du Nord et du Sud, du Missouri, du Montana, du Nebraska et du Wyoming se trouvent 450 silos nucléaires équipés de missiles balistiques intercontinentaux Minuteman III qui datent des années 1960. Le terme « éponge nucléaire » signifie que cette zone est censée attirer le plus gros d’une éventuelle attaque provenant de la Russie ou de la Chine, ce qui épargnerait ainsi le reste des États-Unis.
Le département de la Défense des États-Unis a récemment décidé de moderniser la zone en remplaçant les anciens Minuteman III par des missiles . Il est question d’en acquérir 634, dont 450 seront installés à la place des Minuteman III. Le reste devrait servir pour des tests et des remplacements. Côté tarif, le pays déboursera 141 milliards de dollars, mais il est possible que ce soit plus du double.
Plus de risques que d’avantages ?
Selon de nombreux observateurs, les avantages stratégiques de ces centaines de silos sont faibles et les risques pour la population très élevés. Il est question d’un risque d’apocalypse finalement très peu acceptable, surtout que les deux autres branches de la triade nucléaire des États-Unis sont opérationnelles. Il s’agit plus précisément des bombardiers qui attaquent par les airs (500 bombes et missiles de croisière) et des sous-marins qui se trouvent dans les mers (970 ogives).
Évoquons également l’élaboration de scénarios quant à la gravité d’une frappe ennemie sur la zone. Un de ces scénarios implique la mort d’environ un à deux millions de personnes dans les premières semaines suivant l’attaque, suite à une irradiation aiguë. De plus, le nuage radioactif qui s’en suivrait devrait survoler la totalité des États-Unis, une partie du Canada et même l’Europe selon les vents.