États-Unis : la nouvelle menace des « super-cochons »

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Crédits : Popular Mechanics

Un groupe de « super-cochons » se propage actuellement du Canada vers les États du nord des États-Unis et pourrait constituer une menace importante pour la biodiversité, mais pas que. Problème : en plus d’être particulièrement intelligents, ces hybrides cochons/sangliers sont aussi très coriaces.

Taillés pour le froid

Les États-Unis ne sont pas étrangers aux menaces liées aux sangliers. Introduits au 16e siècle, ces animaux seraient en effet responsables de plus de 1,5 milliard de dollars de dégâts par an. À cette pression déjà considérable vient s’en rajouter une autre : celle des « super cochons ». En France, on les appelle « cochongliers ». L’hybridation est fréquente dans les régions d’élevage de cochons en plein air ou bien lorsque la population sauvage est reconstituée par des truies domestiques saillies par des sangliers mâles.

Les super cochons dont il est ici question viennent tout droit de certains élevages du Canada, desquels ils se sont échappés. Cette hybridation est volontaire. Et pour cause, ces animaux sont beaucoup plus gros que la moyenne (certains pèsent près de 300 kilos). De fait, ils produisent plus de viande et sont plus faciles à abattre dans les réserves de chasse canadiennes.

Cependant, le fait d’être plus imposants leur permet également de survivre dans des climats froids (jusqu’à -40°C). Pour tenir à l’état sauvage, ces animaux creusent parfois des tunnels jusqu’à deux mètres sous la neige, tapissant le sol de restes de petits animaux écrasés ou déchiquetés au passage par leurs énormes cornes.

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Crédits : Miguel Tremblay via Wikimedia

Les super-cochons posent plusieurs problèmes

Tout d’abord, ils ont une influence considérable sur la faune indigène. Non seulement ils représentent une concurrence importante pour les ressources, mais ces animaux sont aussi des prédateurs accomplis. « Ils tuent les jeunes faons et sont connus pour être des prédateurs de nids. Ils ont donc un impact sur les dindes et potentiellement les cailles« , explique Michael Marlow, du programme national de gestion des dommages causés par les porcs sauvages du ministère de l’Agriculture américain, au Guardian. Les cochons sauvages sont également responsables de la destruction d’arbres et de récoltes.

Enfin, ces animaux sauvages peuvent agir comme des réservoirs de maladies. Et nous savons que plus les maladies se propagent parmi les groupes sauvages, comme c’est notamment le cas pour l’épidémie de grippe aviaire, plus elles ont de chances de muter pour finalement se propager aux humains.

En tant que tel, le contrôle de cette espèce envahissante est une question de santé humaine. Toutefois, parmi les espèces de mammifères invasives, ces animaux sont probablement les pires. « Ils sont incroyablement intelligents et souvent insaisissables, se cachant dans un couvert forestier épais ou disparaissant dans les zones humides quand ils ne sortent pas la nuit« , précise Ryan Brook qui dirige le projet de recherche canadien sur les cochons sauvages de l’Université de la Saskatchewan.

Compte tenu de tous ces paramètres, plusieurs tentatives ont été faites pour tenter d’endiguer leur propagation, avec plus ou moins de succès. L’une de ces méthodes, qui a fonctionné aux États-Unis avec le sanglier, est l’utilisation d’un « cochon Judas ». Un cochon solitaire est alors capturé et équipé d’un collier GPS, puis relâché dans la nature. Il pourra ainsi guider les chasseurs vers un groupe de sangliers beaucoup plus large.

Cependant, il est probablement déjà trop tard pour ces fameux « super cochons ». Ryan Brook pense qu’il était encore possible de les supprimer du paysage il y a une dizaine d’années. Depuis, cette « chance » est passée. Désormais, ces animaux sont trop bien établis pour être délogés.