États-Unis : un lien surprenant entre les feux de forêt et la banquise arctique

Crédits : capture vidéo / Pacific Northwest National Laboratory.

Le recul des glaces de mer en Arctique apporte des conditions de plus en plus favorables à la survenue d’incendies de forêt dans l’ouest des États-Unis. C’est du moins ce que révèlent de récents travaux publiés dans la revue scientifique Nature Communications.

En Californie, plus d’un million d’hectares de végétation sont partis en fumée au cours de la saison des feux de forêt qui vient de s’achever. Or, selon une étude menée par un groupe de chercheurs du Pacific Northwest National Laboratory (États-Unis), le réchauffement accéléré de l’eau et de l’air autour de l’Arctique tend à favoriser un schéma de circulation qui place l’ouest de l’Amérique du Nord sous un dôme anticyclonique d’altitude.

Du lien entre le feu et la glace

Le mouvement subsident qui accompagne la zone de hautes pressions renforce la chaleur et la sécheresse en surface, ce qui offre un contexte idéal pour le développement d’incendies plus nombreux et virulents. C’est une situation de ce type qui a conduit à l’épisode caniculaire exceptionnellement intense survenu sur la partie occidentale des États-Unis et du Canada l’été dernier. « Les conditions climatiques dans une partie du monde peuvent au fil du temps influencer les évènements climatiques à des milliers de kilomètres de là », note Hailong Wang, coauteur du papier.

États-Unis Arctique
Illustration du mécanisme décrit par les chercheurs sur un instantané du courant-jet. Notez la propagation d’une influence depuis l’Arctique jusqu’à l’ouest de l’Amérique du Nord. Crédits : Yufei Zou & coll. 2021.

Ainsi, un englacement déficitaire côté pacifique favoriserait des conditions chaudes et sèches à l’ouest des États-Unis plus tard dans l’année, entre la fin d’été et le début d’hiver. Selon les scientifiques, cette relation statistique est identifiable sur les quarante dernières années au moins et atteint une ampleur analogue à celle du phénomène El Niño, connu pour moduler de façon périodique le climat nord-américain. Notons que si la relation avait été observée par de précédents travaux, c’est la première fois que son mécanisme est clairement explicité.

Un enjeu majeur pour l’ouest des États-Unis 

La couverture de glace de mer boréale diminue à un rythme particulièrement rapide. En outre, quoi que nous fassions pour limiter le réchauffement climatique, la banquise va disparaître de façon quasi totale durant l’été d’ici à 2050. Par conséquent, les résultats avancés par les chercheurs portent des implications majeures dès maintenant et pour le futur proche. « Cette connexion dynamique réchauffe et assèche la région de l’ouest des États-Unis », souligne Yufei Zou, auteur principal de l’étude. « En découvrant le mécanisme derrière cette télé-connexion, nous espérons que les personnes chargées de la gestion des forêts et de la préparation aux incendies de forêt seront mieux informées ».