L’État fédéral américain semble de plus en plus enclin à réfléchir à un plan B dans la lutte contre le réchauffement climatique. Récemment, un financement de 4 millions de dollars a été accordé par le Congrès. Et ce, dans l’idée d’inciter la recherche sur deux techniques de géo-ingénierie dite solaire. Une thématique qui reste très controversée.
L’Accord de Paris sur le climat définissait en 2015 un objectif qui était celui de rester sous la barre des 2 °C de réchauffement global. Et, si possible, sous celle des 1,5 °C. S’imposait alors à tous la nécessité de diminuer très rapidement les émissions de gaz à effet de serre (GES). Ceci en vue d’atteindre la neutralité carbone dès la seconde partie de siècle. Un changement extrêmement brutal qui réclamerait un remaniement structurel sans précédent.
Or, les propositions avancées par les États se sont montrées très insuffisantes pour envisager un réchauffement maîtrisé à 2 °C ou moins. Par ailleurs, les observations montrent que les émissions de GES ont continué à augmenter. En effet, la stagnation constatée autour de 2015 et qui pouvait laisser espérer un début d’action ne s’est pas poursuivie.
Refroidir artificiellement la planète…
Que se passerait-il si nous n’arrivions pas à freiner nos émissions et que le changement climatique atteignait des niveaux dangereux ? Certains travaillent sur un plan de secours capable de nous prémunir temporairement des impacts les plus délétères. Dans ce type de méthode, on retrouve notamment ce que l’on appelle la géo-ingénierie solaire. L’idée est d’injecter des aérosols dans certaines zones clés de l’atmosphère afin d’augmenter le pouvoir réfléchissant de notre planète et de compenser une partie du réchauffement dû aux GES anthropiques.
Récemment, le directeur de l’ESRL Chemical Sciences Division de la NOAA rapportait avoir reçu un financement de 4 millions de dollars et la permission de son agence pour explorer deux méthodes de géo-ingénierie solaire. L’une visant à injecter des composés sulfatés dans la stratosphère et l’autre consistant à augmenter l’albédo des nuages bas (via l’émission d’aérosols salins).
… une thématique très controversée
David Fahey explique que la recherche dans ce domaine reste encore très controversée. Aussi bien pour des raisons scientifiques que politiques ou morales. Il a d’ailleurs proposé de remplacer le nom de géo-ingénierie par intervention climatique. Un terme qui, selon lui, porte une voix plus neutre. Enfin, le scientifique précise que cette incitation à l’étude de solutions technologiques n’est pas une approbation de leur utilisation opérationnelle.
Ceci dit, il y a nécessité de mûrir l’état des connaissances à ce sujet pour, à terme, éclairer du mieux possible les choix socio-politiques. En effet, si le changement climatique atteint des niveaux sensibles, il faudra s’attendre à voir des acteurs prêts à passer à l’action avec ce type de méthode. La faisabilité technique n’étant pas un frein, tout arbitrage nécessitera de bons arguments et un cadre mondial fort. De fait, il convient de travailler dès maintenant ces questions et ne pas attendre d’être au pied du mur.
Aux dernières nouvelles, un projet de recherche à petite échelle parrainé par l’Université Harvard (États-Unis) prévoit de libérer 1 kilogramme de carbonate de calcium par ballon à 20 kilomètres au-dessus du Nouveau-Mexique. La date de mise en œuvre de cette expérience nommée « Stratospheric Controlled Perturbation Experiment (SCoPEx) » reste inconnue. On peut toutefois s’attendre à ce que cette forme de test à petite échelle se multiplie dans les années à venir.
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