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États-Unis : le bracelet électronique étrangle les délinquants pauvres !

Crédits : Wikipedia

Le bracelet électronique représente une alternative acceptable à la détention. En revanche, outre-Atlantique, celui-ci est susceptible de prendre financièrement les délinquants à la gorge. Des sociétés privées leur facturent en effet des centaines de dollars par mois pour le port de ce système de surveillance.

Une alternative pour économiser des frais

Selon un article du New York Times publié le 3 juillet 2019, la population carcérale a augmenté de 500 % aux États-Unis au cours du siècle dernier. Aujourd’hui, cette population frôle les 2,2 millions. Néanmoins, le taux de criminalité est en baisse dans ce pays mais les lois se sont durcies depuis les années 1990. Si le coût de la détention des prisonniers coûtait 19 milliards en 1980, cette somme est passée à 87 milliards en 2015 !

En partant de ce constat, les autorités américaines se sont montrées favorables à une démocratisation du bracelet électronique. Si 125 000 de ces dispositifs étaient portés en 2015 par les délinquants et autres personnes en attente de jugement, ces derniers étaient seulement 50 000 en 1995 !

Il s’avère que ce tournant a permis d’engranger de sérieux gains financiers. Si le gouvernement fédéral assume certains services de surveillance, 90 % des dépenses liées aux prisons et autres sont la responsabilité des États et des villes. Ainsi, le bracelet électronique est financé par les délinquants eux-mêmes par souci d’économies budgétaires.

Aux États-Unis, les détenus n’ayant pas les moyens de payer le port du bracelet électronique n’ont pas d’autre choix que de rester en prison
Crédits : Wikipedia

Certains ne peuvent pas payer

Le New York Times donne l’exemple de la ville de Saint-Louis (Missouri) où en 2017, le prix du port du bracelet était d’environ 90 dollars par jour. Cela concernait les personnes en attente de jugement pour une durée de 291 jours en moyenne. Ce tarif était abaissé à 10 dollars par jour pour les condamnés en liberté conditionnelle, hors prix de la pose du dispositif.

La ville de Saint-Louis avait fait appel à la société privée Eastern Missouri Alternative Sentencing Services (Emass), ce qui lui a permis de pratiquement réduire à zéro ses dépenses liées au bracelet. En revanche, les prévenus et condamnés les plus pauvres en pâtissent sérieusement. En effet, en cas de non paiement, ceux-ci risquent de retourner en prison.

Par ailleurs, le port d’un bracelet électronique rend très compliquée la recherche d’un emploi. Cela est le fait des restrictions liées au dispositif en lui-même, mais également de la mauvaise image que ce dernier renvoie. Autrement dit, être accusé ou en liberté conditionnelle aux États-Unis implique d’avoir certains moyens financiers. Le cas échéant, ces personnes n’ont pas le choix de rester en prison en attente de leur jugement ou d’effectuer la totalité de leur peine sous cette forme dans le cas des condamnés, faute de pouvoir payer les frais de leur bracelet électronique.

Sources : Quartz – Slate

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