À la fin des années 1950, les États-Unis réfléchissaient à un plan qui serait tout bonnement impensable aujourd’hui. Ils prévoyaient en effet de lancer sur la Lune une bombe H qui est réputée pour avoir un potentiel de destruction largement supérieur à celui de la bombe atomique. L’objectif ? Impressionner l’Union soviétique.
Un grand physicien aux commandes pour ce projet de lancer une bombe sur la Lune
Durant la guerre froide, les États-Unis et l’Union soviétique se sont lancés dans une véritable course à l’armement et à l’Espace, sur fond de guerre stratégique sur l’échiquier géopolitique mondial. Les essais nucléaires se sont alors multipliés après la Seconde Guerre mondiale. Néanmoins, un autre projet assez méconnu du grand public avait également été mis sur la table par les États-Unis : le lancement d’une bombe H (ou bombe à fusion) sur la Lune.
Comme l’expliquait la BBC dans un article du 8 mai 2023, ce dossier secret défense était baptisé Projet A119. Le rapporteur en chef du dossier, l’illustre physicien Leonardo Reiffel, travaillait avec Enrico Fermi, célèbre pour avoir été l’architecte de la bombe nucléaire. L’US Air Force lui avait également demandé de rédiger des rapports et autres comptes-rendus sur ce fameux projet. Durant presque deux ans (1958-1959), le physicien a donc cherché à estimer la faisabilité d’un lancement de bombe H sur l’astre lunaire. Par ailleurs, le choix du lieu de l’impact était la Terminator Line, à savoir la ligne de démarcation entre la face cachée et la face éclairée de la Lune.

Un projet finalement abandonné
Mais quelles étaient les motivations des États-Unis ? La possibilité de faire s’écraser une bombe H sur la Lune avait sans aucun doute pour objectif d’impressionner et effrayer l’Union soviétique. Il faut dire qu’à l’époque, les Soviétiques se montraient de plus en plus menaçants. Ils avaient notamment testé leur première bombe H seulement trois ans après les États-Unis, en 1952, et avaient surtout pris une avance certaine dans la course à l’Espace avec le lancement de Spoutnik 1, le premier satellite artificiel de la Terre.
Malgré la volonté de reprendre le dessus sur l’URSS, les États-Unis ont fini par abandonner le Projet A119. Pourtant, cette mission était tout à fait possible sur le plan technologique. De plus, l’explosion aurait bel et bien été visible depuis la Terre. Toutefois, cela n’aurait pas provoqué un champignon atomique, mais plutôt un fort éclat lumineux en raison de l’absence d’atmosphère sur la Lune.
Les États-Unis ont peut-être voulu éviter une escalade dramatique de la guerre froide. Ils avaient d’ailleurs déjà abandonné un autre projet dont la nature belligérante ne faisait aucun doute : le bombardement du satellite Spoutnik 1. Au final, les États-Unis ont préféré mettre au point et lancer leur premier satellite artificiel, à savoir Explorer 1 en 1958.
