États-Unis : des lacs virent au vert en raison d’une prolifération d’algues « sans précédent »

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Crédits : Isabella Oleksy / Colorado State University.

Une étude parue dans la revue Proceedings of the Royal Society ce 8 juillet fait état d’une prolifération d’algues vertes sans précédent dans des lacs de haute montagne de l’ouest américain. En particulier, les auteurs soutiennent que le phénomène est attribuable à l’influence grandissante des activités humaines sur l’environnement. 

Les manifestations écologiques exotiques et/ou sans précédent se multiplient rapidement depuis quelques années. Dernièrement, on rapportait par exemple la présence d’algues habillant les glaces alpines d’un rose saumon ou colorant celles de l’Antarctique d’un vert rubis.

Des réorganisations majeures dans l’écologie des algues…

Or, des chercheurs ont récemment mis en lumière un autre phénomène du même type qui s’ajoute ainsi à la liste. En effet, il est devenu évident que certains lacs d’altitude de l’ouest américain viraient au vert. En cause, la prolifération d’algues – notamment des chlorophytes – à un taux jamais vu depuis au moins 1850. Plus précisément, la quantité de pigment chlorophytes a été multipliée par 2 à 3 depuis le milieu du 20e siècle. Sur la même période, la biomasse desdites algues a quant à elle doublé.

Pour arriver à ces résultats, les scientifiques ont effectué des carottages sédimentaires au fond de deux lacs isolés, situés à une centaine de kilomètres de la ville de Denver (Colorado). Des prélèvements précieux qui ont permis de reconstruire l’abondance et la composition des communautés d’algues locales entre la fin du petit âge de glace (1850) et 2010.

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Évolution de différentes communautés d’algues sur la base des données sédimentaires de deux lacs (bleu et mauve) dans le Colorado. Crédits : Isabella A. Oleksy & al. 2020.

… une empreinte parmi d’autres de l’Homme sur son environnement

Bien que plusieurs facteurs participent aux changements constatés de l’écologie lacustre, tous sont liés de près ou de loin aux activités humaines. Citons entre autres le réchauffement moyen de l’air et de l’eau ou encore l’augmentation des dépôts azotés. Lesquels favorisent la croissance des chlorophytes en augmentant la concentration en nutriments ainsi que l’aptitude des organismes à en tirer parti.

« Même dans des lacs relativement éloignés et situés dans des zones protégées (…) l’empreinte de la perturbation humaine sur le système terrestre est évidente » note à ce titre Isabella Oleksy, auteure principale de l’étude. Cette dernière rapporte même que l’observation faite par l’équipe de chercheurs est apparue comme « une surprise écologique ». Et pour cause, un tel taux d’algues vertes est habituellement caractéristique d’une eau évoluant en milieu pollué.

« Bien que nous ayons documenté ces changements dans deux lacs du Colorado, il est probable que ce n’est pas un phénomène isolé » souligne la scientifique. Outre l’aspect esthétique, il faut noter que la prolifération d’algues est une menace notable pour les espèces. Que ce soit pour celles vivant dans les eaux affectées ou celles situées en dehors mais venant s’y abreuver. En définitive, ces résultats illustrent les impacts indirects que peuvent avoir les activités humaines sur des environnements pourtant protégés.

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