Elle serait entrée dans ce système telle une boule de démolition. Neptune possède en effet l’une des plus étranges collections de lunes de notre Système solaire ; et c’est Triton qui est pointée du doigt. La plus grande lune de la planète a probablement chamboulé tout ce petit monde en le percutant.
Notre système compte au total quatre géantes gazeuses : Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune. Les trois premières ont des systèmes de lunes assez semblables. Dans chacun de ces systèmes, la masse de la planète est environ 10 000 fois plus grande que la masse totale de toutes les lunes réunies. Pour la plupart, ces planètes ont plusieurs petites lunes, toutes orbitant dans la même direction que les spins de la planète. Mais Neptune est différente. La géante de gaz compte certes plusieurs petites lunes orbitant dans le sens de la rotation de la planète mais une autre lune, Triton, évolue dans la direction opposée.
Les scientifiques planétaires ont longtemps soupçonné que Triton soit un intrus provenant de l’extérieur du système de Neptune, arrivé plus tard, telle une boule de démolition. Mais si tel est le cas, à quoi pouvait bien ressembler le système de Neptune avant son arrivée remarquée ? Robin Canup, du Southwest Research Institute, dans le Colorado, et Raluca Rufu, du Weizmann Institute of Science en Israël, ont récemment analysé une série de simulations informatiques pour tenter de le comprendre. Ils suggèrent alors que Neptune avait un système lunaire semblable en masse totale à celui d’Uranus. Mais cela n’a pas duré longtemps. Les détails de cette étude sont disponibles sur arxiv.org.
En d’autres termes, tout était très calme avant l’arrivée de Triton. Pour passer d’un système « serein », semblable à Uranus, à ce que nous observons aujourd’hui autour Neptune, trois choses ont dû se produire. La première, c’est que les premières lunes devaient être suffisamment petites pour ne pas détruire Triton à son arrivée ; elles devaient, en quelque sorte, « ralentir » Triton pour qu’elle soit capturée dans son orbite relativement proche et circulaire. Mais pour ce faire, Triton dut perdre de l’énergie. Ainsi, Triton serait tout bonnement entré en collision avec certaines plus petites lunes déjà installées, ralentissant et s’installant dans son orbite circulaire. Ce processus s’est déroulé assez rapidement pour empêcher Triton de déraper à travers les zones extérieures du système de Neptune, laissant les lunes finalement relativement épargnées.
Ces conclusions ne sont bien sûr que les résultats de simulations informatiques, mais il sera difficile de confirmer le scénario proposé par Canup et Rufu tant que nous n’enverrons pas de sonde directement sur place. Neptune, mais aussi Uranus, les deux planètes les plus éloignées de notre système, sont malheureusement délaissées depuis toujours, l’Homme préférant braquer son œil sur Mars, Jupiter ou encore Saturne. Mais cela pourrait bientôt changer. La NASA exprimait en effet récemment son attention d’envoyer un orbiteur et une sonde atmosphérique directement sur place d’ici à 2030. Une mission sur Neptune se concentrerait également sur Triton.
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