Alors que les souvenirs sont au cœur d’un processus très complexe, l’éventualité d’en effacer certains intéresse vivement la science. Évidemment, certaines personnes pourraient être séduites par la possibilité d’en finir avec certains moments traumatisants de leur passé. Cependant, rien n’est réellement simple dans ce domaine.
Une mémoire sélective influençable
Rappelons tout d’abord l’origine des souvenirs. Ils sont créés par la mémoire, un processus très complexe dans lequel plusieurs zones du cerveau jouent un rôle, notamment l’amygdale et l’hippocampe. Des réseaux de neurones se chargent de stocker et renforcer des expériences marquantes qui deviennent alors des stigmates durables. Précisons également que le cerveau considère en priorité des événements qui font l’objet d’une importante charge émotionnelle, qu’ils soient positifs ou négatifs.
Cependant, la science a découvert au fil du temps qu’une fois réactivés, certains d’entre eux peuvent être modifiés, voire effacés. Il faut dire que le cerveau bénéficie d’une forme de mémoire sélective qui en favorise l’oubli. Cela se fait généralement en fonction de l’importance de ces mêmes souvenirs. Certains troubles peuvent toutefois affecter cette mémoire sélective. Citons par exemple le stress post-traumatique (TSPT), capable de faire persister des souvenirs négatifs dont l’oubli naturel est quasiment impossible. Au contraire, certains mécanismes en lien avec l’amnésie, que l’on associe souvent à des souvenirs douloureux, peuvent provoquer un effacement temporaire pour se protéger. Aussi, certaines maladies dégénératives comme la maladie d’Alzheimer en effacent certains de manière aléatoire, sans prendre en compte leur nature.

Une réduction de l’impact des souvenirs plutôt qu’un effacement
La possibilité d’effacer les souvenirs traumatiques est une piste largement explorée dans le cadre des neurosciences. Par exemple, des chercheurs testent actuellement la stimulation lumineuse et sonore afin de comprendre s’il est possible ou non de supprimer des souvenirs négatifs pendant le sommeil. En revanche, d’une manière générale, la réalité tend davantage vers une réduction de leur impact plutôt que vers un effacement complet. Certains médicaments comme le propranolol, un antihypertenseur, ont déjà montré une réduction de la charge émotionnelle d’un souvenir désagréable.
Atténuer leurs effets indésirables pourrait également passer par des techniques non médicales. Néanmoins, il n’est pas question de supprimer ces derniers. Citons l’Eye Movement Desensitization and Reprocessing (EMDR), une méthode qui a recours au guidage des mouvements oculaires qui peut aider à la réorganisation des souvenirs traumatiques dans le cerveau.
Toujours dans le rayon des techniques non médicales, l’hypnose est aussi une possibilité. En amenant les personnes à explorer les souvenirs traumatisants dans un cadre moins émotionnel, cette méthode peut aider à gérer la douleur ressentie. Revisiter ces mauvais moments peut aussi passer par d’autres techniques telles que la thérapie d’exposition ou encore la thérapie cognitive.