Et si on envoyait que des femmes sur Mars ?

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Nous savons que le métabolisme basal humain est en termes absolus proportionnel à la taille corporelle, les individus plus grands possédant une consommation d’oxygène au repos, une production de dioxyde de carbone et une production de chaleur métabolique plus élevées. Nous savons également que ces différences persistent lorsque le métabolisme est élevé pendant l’activité physique. De manière générale, les individus plus petits et plus légers utilisent donc moins de ressources et rejettent moins de déchets que les hommes. Compte tenu de ces paramètres, une étude estime qu’il serait probablement plus intéressant de n’envoyer que des femmes sur Mars.

Après la Lune, beaucoup rêvent de poser les pieds sur Mars. Nous savons que la NASA, SpaceX ou encore la Chine sont intéressées par le projet avec l’idée, à terme, de s’installer durablement sur la planète rouge. D’ailleurs, certains s’y préparent déjà. Évidemment, se rendre sur place nécessitera de surmonter plusieurs défis. L’un des plus importants sera de gérer l’utilisation de ressources limitées telles que l’eau, la nourriture et l’oxygène. En ce sens, un équipage entièrement féminin pourrait être beaucoup plus efficace.

L’expérience de Mercury 13

L’idée n’est pas nouvelle. Dans les années 1960, le physiologiste William Randolph Lovelace II avait mis en place le programme Lovelace Woman in Space. Son objectif était de déterminer si les femmes pouvaient s’adapter physiologiquement et psychologiquement à l’environnement spatial. Un peu moins d’une vingtaine de femmes avaient été recrutées pour participer aux mêmes tests de qualification que ceux des astronautes masculins du programme Mercury de la NASA. Au cours de l’initiative Mercury 13, on avait évalué leur endurance physique, leur capacité à résoudre des problèmes et leur résistance au stress.

Les résultats avaient alors montré que les femmes étaient tout à fait capables de s’adapter à l’environnement spatial et qu’elles avaient même des avantages physiologiques par rapport aux hommes dans certains domaines. Leurs corps sont en effet généralement plus petits et plus légers, nécessitant moins d’oxygène et moins de calories. Nous savons aussi que leur système reproducteur est moins sensible aux radiations et qu’elles sont moins sujettes aux crises cardiaques que les hommes.

Autrement dit, nous savions que les femmes étaient tout aussi capables d’évoluer dans l’espace tout en étant moins gourmandes en ressources et plus résistantes physiquement. Malgré cela, la NASA ne les avait pas acceptées dans le programme spatial de l’époque, citant des préjugés sociaux et des préoccupations concernant les différences biologiques entre les sexes. Il aura ensuite fallu attendre 1983 et le vol spatial de Sally Ride pour enfin considérer les femmes dans le milieu.

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Sally Ride en communication avec les contrôleurs au sol pendant sa mission sur Challenger, en 1983. Crédits : U.S. National Archives and Records Administration

Une étude le confirme

Depuis, les mœurs ont évolué, mais les avantages physiologiques des femmes sont toujours les mêmes. Cette nouvelle étude le prouve une fois de plus. Dans le cadre de ces travaux, une équipe dirigée par Jonathan PR Scott, de l’Institut Médecine Physiologie Spatiale (MEDES) de Toulouse, a examiné la consommation d’oxygène estimée, la dépense énergétique totale, le dioxyde de carbone et la production de chaleur, ainsi que les besoins en eau des hommes et des femmes lors de missions de vol spatial longue durée pour voir à quoi ressemblerait « l’astronaute optimal ».

Les chercheurs ont alors constaté que pour les astronautes masculins, la taille du corps à elle seule était plus que suffisante pour augmenter massivement toutes les mesures. Dans le détail, la dépense énergétique totale des hommes était supérieure de 30% par rapport à celle des femmes en moyenne. Les hommes consommaient également 60% de plus d’oxygène. Leur production de dioxyde de carbone était aussi 60% supérieure et leurs besoins en eau supérieurs de 17%.

De manière globale, en déterminant la taille moyenne d’un homme et d’une femme aux États-Unis, les chercheurs ont déterminé qu’un équipage entièrement féminin pourrait permettre une diminution allant jusqu’à 41% des besoins nutritionnels et de la production d’oxygène. Comme vous pouvez le constater, la volonté de n’envoyer que des femmes sur Mars ne relève d’aucune idéologie que ce soit : il s’agit de science fondamentale.