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Un ballon à vide capable d'aller aussi vite qu'un avion de ligne ? Crédits : vadimrysev / iStock

Et si l’on traitait les eaux usées pour fabriquer du carburant ?

Au Royaume-Uni, une start-up a réussi à extraire un genre de pétrole brut des eaux usées. Or, cette substance pourrait permettre de confectionner un nouveau type de kérosène pour l’aviation civile. Il limiterait ainsi grandement les émissions de gaz à effet de serre et sa fabrication ne rencontrerait jamais de pénurie de matières premières.

Vers un nouveau type de carburant durable d’aviation ?

Selon Greenpeace, le secteur aérien contribue au réchauffement climatique à hauteur de 6 %. Par ailleurs, le transport aérien représenterait environ 3,5 % du réchauffement climatique total des activités humaines depuis l’ère industrielle. Dans ce contexte, il est naturel que la recherche concernant les carburants alternatifs batte son plein. En 2021, des chercheurs américains ont par exemple élaboré un nouveau carburant pour l’aviation à partir d’un type de moutarde. Leur objectif était de réduire de 68 % l’impact écologique du secteur. Cependant, les espoirs se tournent généralement vers l’hydrogène.

Et si d’autres alternatives étaient possibles ? Un article publié par Biofuels International en novembre 2023 évoquait les travaux de la start-up britannique Firefly. Cette dernière planche actuellement sur une autre manière de fabriquer du carburant écologique : la liquéfaction hydrothermale. Par ce biais, Firefly pense pouvoir élaborer un nouveau type de Carburant Durable d’Aviation (SAF).

réacteur avion de ligne tarmac réaction
Crédits : Frankpeters / iStock

92 % de gaz à effet de serre en moins que le kérosène

En pratique, leur processus chimique permet de convertir les matériaux organiques en combustibles liquides et autres produits chimiques utiles. La première étape consiste à collecter de la biomasse, à savoir des déchets agricoles, des résidus alimentaires ou encore des eaux usées. Ensuite, il faut mélanger cette biomasse à de l’eau, le tout porté à une température située entre 250 et 374 °C et sous haute pression. S’en suit une réaction chimique qui transforme la biomasse en liquide riche en hydrocarbures, dont la composition est assez similaire au pétrole brut. Enfin, le liquide doit être raffiné afin de produire le carburant désiré. Cette technique est habituellement utilisée pour produire du biodiesel.

En utilisant des eaux usées, Firefly dit avoir réussi à produire du pétrole brut ainsi que du biochar, une sorte de charbon d’origine végétale notamment capable de capturer le CO2. Surtout, le bilan carbone de ce nouveau combustible serait très intéressant. Il rejette en effet 92 % de gaz à effet de serre en moins que le kérosène classique.

Par ailleurs, les eaux usées sont très abondantes et ne risquent pas la pénurie. En valorisant une telle ressource, Firefly pourrait donc lancer une petite révolution. En revanche, le chemin vers la démocratisation semble difficile. En effet, les SAF font l’objet d’une réglementation très stricte, concernant notamment la sécurité et les performances. De plus, ce kérosène alternatif devra être compatible avec les infrastructures de distribution de carburant existantes ainsi qu’avec les standards internationaux de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI).

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.