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Crédits : JoseIgnacioSoto/istock

Et si les Mayas n’avaient jamais disparu ? Ce que révèle l’ADN de mystérieux squelettes retrouvés à Copán

Pendant des siècles, le destin de la civilisation maya a fasciné autant qu’il a dérouté. Comment un peuple aussi avancé a-t-il pu voir ses grandes cités s’effondrer et sa culture sombrer dans l’oubli ? Une étude génétique récente, publiée dans Current Biology, vient bousculer les idées reçues. En analysant les génomes de squelettes découverts près de l’ancienne cité de Copán, les chercheurs révèlent que les Mayas n’ont pas disparu : ils ont survécu, se sont adaptés, et vivent encore à travers des millions de descendants.

Copán : joyau maya et carrefour culturel

Située dans l’ouest de l’actuel Honduras, Copán était l’une des capitales majeures de la civilisation maya pendant la période classique (250–900 apr. J.-C.). Cette cité prospère, connue pour ses stèles sculptées et ses hiéroglyphes, fut aussi un carrefour stratégique entre les hautes terres du Mexique et les basses terres mayas. En 426, un homme venu d’ailleurs, K’inich Yax K’uk’ Mo’, y établit une dynastie qui allait durer plus de quatre siècles. Les inscriptions anciennes mentionnaient son origine étrangère, mais jusqu’ici, on ignorait l’ampleur réelle des échanges humains dans cette région.

Une plongée dans l’ADN des anciens Mayas

Pour en savoir plus, une équipe internationale dirigée par Shigeki Nakagome (Trinity College de Dublin) a séquencé les génomes de sept individus enterrés à Copán. Objectif : comprendre les mouvements de population, la structure sociale, et l’impact de l’effondrement de la civilisation.

Parmi les découvertes : chaque individu avait une lignée maternelle différente, signe d’une diversité génétique notable. Deux hommes partageaient la même lignée du chromosome Y (donc un ancêtre masculin commun), mais n’étaient pas apparentés de près. L’un, inhumé dans une tombe riche, pourrait avoir été un chef dynastique ; l’autre, enterré à côté, un sacrifice rituel.

Plus fascinant encore : ces génomes montrent une continuité génétique entre les anciens Mayas et les populations indigènes actuelles. En comparant ces données à des génomes modernes d’Amérindiens et à des ADN anciens de Sibérie, les chercheurs ont établi que les Mayas n’ont jamais disparu, mais ont évolué, parfois dans l’ombre de l’histoire coloniale.

Un effondrement… mais pas une extinction

Grâce aux modélisations démographiques basées sur l’ADN, l’équipe a pu reconstituer l’évolution de la population à Copán :

  • Vers 730 apr. J.-C., la région atteignait son pic démographique, avec environ 19 000 habitants.

  • Dès 750, on observe un déclin marqué, en lien avec l’effondrement politique, économique et environnemental de l’ère classique.

  • Contrairement à certaines théories passées, ce déclin n’a pas entraîné l’anéantissement de la population. Il s’agit plutôt d’un rétrécissement démographique, suivi d’une persistance silencieuse.

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Des chercheurs ont analysé le génome du squelette d’un « souverain dynastique » enterré à Copán. Crédit image : Seiichi Nakamura

Maïs, migration et métissage

Cette croissance de population avant l’effondrement pourrait être liée à l’expansion de l’agriculture du maïs, base de l’alimentation maya. De plus, les chercheurs ont identifié un afflux de personnes venues des hautes terres mexicaines, notamment de sites comme Chichén Itzá. Ces migrants se sont mêlés à la population locale, y compris dans l’élite, apportant de nouvelles influences sans pour autant effacer les lignées ancestrales.

Cela montre une société dynamique, mobile, et ouverte aux échanges culturels, loin de l’image figée d’un empire figé dans la jungle.

Un peuple toujours vivant

Aujourd’hui, plus de 7 millions de personnes d’origine maya vivent au Mexique, au Guatemala, au Belize, au Honduras et ailleurs. Leur langue, leur culture et même leur génome portent les traces de cette histoire millénaire. L’étude génétique menée à Copán démontre que l’effondrement maya n’a jamais été une disparition, mais une transformation. Une résilience que l’on retrouve dans la persistance de traditions, de savoirs et d’identités malgré les invasions, les maladies et la colonisation.

Pourquoi c’est important

Comprendre que les Mayas ne se sont pas éteints, mais qu’ils ont survécu, permet de réévaluer la notion même de « chute de civilisation ». Ce que l’on perçoit comme un effondrement peut aussi être une réorganisation sociale et culturelle. Et c’est un rappel essentiel : les peuples autochtones, loin d’être des vestiges d’un passé révolu, sont acteurs de leur propre histoire.


En résumé : l’ADN de sept squelettes révèle que les Mayas ont vécu un effondrement démographique… mais pas une extinction. Leurs descendants vivent encore aujourd’hui, témoins d’une civilisation dont les racines sont plus vivantes que jamais.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.