Et si le retour des humains sur la Lune n’avait pas lieu avant… 2028 ?

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Illustration d'un astronaute sur la Lune. Crédits : NASA

Officiellement, la mission Artemis 3, qui prévoit de renvoyer des humains sur la Lune pour la première fois depuis la fin de l’ère Apollo, n’aura pas lieu avant 2025. Cependant, compte tenu des nombreux retards essuyés jusqu’à présent dans le développement de ce nouveau programme, nous pourrions imaginer un ou plusieurs nouveaux décalages de cette échéance. Un spécialiste, qui s’est avéré plutôt bon dans ses anciennes prédictions concernant la NASA, fait un pari sur 2028.

Première prédiction

En décembre 2017, le journaliste Eric Berger, qui couvrait le domaine spatial pour Ars Technica, passait une soirée avec plusieurs spécialistes des vols spatiaux à Houston, près du Johnson Space Center de la NASA, en marge d’une conférence sur l’espace. Très vite, la conversation se tourna vers la fusée SLS de la NASA qui doit renvoyer les prochains humains vers la Lune. Interrogée, l’une de ces sources lui répondit alors avec une prédiction surprenante sur la date de lancement : « probablement vers 2023« .

À l’époque, la NASA prévoyait une date de lancement d’Artemis 1 deux ans plus tard, soit en 2019. Le lanceur était quasi terminé et, a priori, un lancement en 2023 paraissait très pessimiste. Or, nous sommes désormais à moins de deux mois de la nouvelle année et la SLS n’a toujours pas décollé. Pour la NASA, l’année fiscale 2023 a même débuté il y a cinq semaines.

Trois ans plus tard, en octobre 2020, cette même source fit une autre déclaration autour de l’attribution du premier contrat d’atterrissage humain du programme Artemis.

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La SLS sur son pad. Crédits : NASA/Joel Kowsky

Deuxième prédiction

À l’époque, SpaceX, une « équipe nationale » dirigée par Blue Origin, et une troisième entreprise nommée Dynetics étaient en lice. Beaucoup de personnes dans l’industrie spatiale pensaient que Blue Origin remporterait le contrat. L’entreprise dirigeait en effet une équipe de sociétés aérospatiales nouvelles et traditionnelles et proposait une conception d’atterrisseur assez classique, ce qui aurait dû rassurer la NASA. On pensait alors que Dynetics ou SpaceX obtiendraient peut-être un contrat secondaire.

Loin de proposer un atterrisseur conventionnel, SpaceX avait de son côté avancé l’idée d’utiliser son énorme vaisseau Starship. Pour beaucoup, il s’agissait d’une approche intéressante sur le papier, mais encore expérimentale et surtout très risquée. Et pour cause, à l’époque, le Starship n’avait même pas encore réussi son premier atterrissage. Côté NASA, on avait également financé une fusée consommable et très coûteuse qui semblait au premier abord incompatible avec une telle approche.

Cependant, selon cette même source, la NASA était impressionnée par les antécédents d’exécution de SpaceX. Par ailleurs, la société était déjà beaucoup plus avancée dans le développement du matériel que les deux autres concurrents. Selon ce spécialiste, SpaceX était donc le plus susceptible de remporter le contrat. En outre, il estimait que compte tenu de la rareté des fonds disponibles, SpaceX pourrait même remporter le contrat en tant que fournisseur unique.

Six mois plus tard, c’est exactement ce qui s’est produit. Bien que le Congrès ait depuis obligé la NASA à choisir un second prestataire, cette source avait donc encore une fois vu juste.

Ainsi, il y a quelques jours, plusieurs personnes l’ont interrogé sur le vol d’Artemis 3.

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Illustration d’un vaisseau Starship sur le sol lunaire. Crédits : NASA

Pas avant 2028 (avec la SLS ?)

Pour rappel, cette mission verra les astronautes décoller sur la fusée SLS, à l’intérieur d’Orion. Orion rencontrera ensuite le Starship en orbite lunaire, puis deux membres d’équipage descendront à la surface de la Lune. Près d’une semaine plus tard, ces astronautes remonteront au sein du Starship avant de décoller pour revenir à l’intérieur d’Orion pour entamer le retour vers la Terre.

Initialement, le retour des humains sur la Lune devait se faire en 2024. Depuis, des retards dans le développement de la SLS et des combinaisons spatiales ont obligé les responsables de la NASA à décaler cette échéance à au moins 2025. Cependant, là encore, le calendrier paraît très optimiste.

En effet, avant cette mission, Artemis 1 doit encore voler et revenir sur Terre et Artemis doit en faire de même. SpaceX doit en outre terminer le Starship, faire une démonstration de ravitaillement en carburant orbital et atterrir sur la Lune dans le cadre d’une mission test. Axiom Space doit quant à lui concevoir, construire et tester une combinaison spatiale.

Ainsi selon ce spécialiste, compte tenu de toutes ces échéances à venir, Artemis 3 ne pourra pas décoller avant au moins 2028.

Cela ne semble pas déraisonnable. Pour rappel, durant l’Ère Apollo, la NASA fonctionnait avec un budget démesuré, un impératif géopolitique et un mandat présidentiel pour réussir un atterrissage humain sur la Lune avant la fin de la décennie. Aujourd’hui, l’agence perçoit beaucoup moins de fonds, tandis que la pression visant à faire atterrir des humains à tout prix n’est plus aussi forte.

Pour terminer, le prophète de l’espace ne s’est pas arrêté là. En effet, selon lui, Artemis 3 pourrait ne même pas décoller sur la SLS.