Et si le Big Bang n’était pas le point zéro de l’univers ? Un faisceau d’indices tend aujourd’hui à remettre en cause l’idée ou l’image d’un Big Bang en tant qu’instant originel de l’Univers.
Tout petit déjà, l’univers était infini, et ce, dès sa naissance. C’est alors que notre esprit se heurte à ses propres limites. Car s’il y a un début de l’univers, une autre question se pose, vertigineuse : peut-on parler d’un instant zéro ? Pour une grande partie de la communauté scientifique, « zéro » paraît trop absolu. Et s’il existe, il nous est inaccessible. Alors serait-il possible que ce que nous pensions être le « début » ne soit en réalité qu’un point de passage, ou un goulet d’étranglement entre l’actuelle phase d’expansion de l’Univers et une phase de contraction qui l’aurait précédée ?
Hubert Reeves compare le Big Bang à un horizon, la limite au-delà de laquelle notre esprit se heurte. Autrement dit, nous n’avons aucune donnée qui nous permet aujourd’hui d’affirmer ce qu’il y avait avant 13.7 milliards d’années. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y avait rien. Comme il le dit si bien « quand vous regardez l’océan et que l’eau s’arrête à l’horizon, vous ne vous avisez pas de dire que l’océan s’arrête à cet horizon parce que vous ne la voyez pas ». Vu comme ça!
Admettre alors que le Big Bang ne serait pas le commencement de l’univers est une immense révolution, puisqu’au lieu d’avoir une origine, comme le suggère le modèle commun, notre univers réinvestirait l’éternité : « il aurait alors toujours été là et ce que l’on croyait être le Big Bang ne serait qu’un état extraordinairement dense qui séparerait deux états distincts : celui de “tassement” et celui de “dilatation” de l’espace. Il deviendrait donc enfin possible d’évoquer l’avant Big Bang », comme l’explique Aurélien Barrau, chercheur au Laboratoire de Physique Subatomique et de Cosmologie du CNRS. Une théorie prônée par Abhay Ashtekar, physicien, qui avance notamment que la physique classique, qui prédit le début de l’univers, est incomplète.
Ce dernier affirme qu’avant le Big Bang existait un univers comparable au nôtre, en train de se ratatiner sur lui-même sous l’effet de la force gravitationnelle … pour ensuite se redéployer. En se contractant, cet univers aurait donc « rebondi » sur lui-même, pour donner naissance au nôtre. On parle alors de Big Bounce (le grand rebond). Dans ce « point de passage », ou « goulot », l’univers était alors minuscule, une sorte de « tunnel quantique » où les notions de temps et d’espace-temps ne fonctionnent plus.
L’univers n’aurait ainsi jamais cessé d’évoluer, en passant par des transitions de phases. Une approche intéressante qui amène la communauté scientifique à repenser la question des origines, la rendant ainsi inopérante …
Source : Atlantico