univers Big bang
Crédits :Naeblys/istock

Et si le Big Bang n’avait jamais eu lieu ? Une nouvelle théorie explosive réécrit l’histoire de l’univers

Depuis un siècle, l’idée que notre univers est né d’un seul et unique Big Bang domine la cosmologie. Mais une nouvelle théorie radicale propose de faire voler en éclats cette vision, en affirmant que l’univers pourrait s’être formé par une série de « mini Big Bangs » successifs. À la clé : une explication sans matière noire, sans énergie noire, et peut-être plus conforme à ce que l’on observe réellement.

Un modèle en rupture totale avec le Big Bang

Et si l’histoire de l’univers n’avait pas commencé par un cri, mais par une multitude de chuchotements explosifs ?

Cette nouvelle approche, proposée par le physicien Richard Lieu de l’Université d’Alabama à Huntsville, remplace le Big Bang par une cascade d’événements appelés singularités temporelles. Ces événements, invisibles et furtifs, injecteraient de la matière et de l’énergie dans l’univers à intervalles irréguliers, stimulant l’expansion cosmique et la formation des galaxies.

Contrairement à l’hypothèse dominante qui repose sur un événement originel unique, ce modèle envisage donc un univers en perpétuelle évolution, nourri régulièrement par ces impulsions d’énergie. Lieu décrit cela comme des explosions cosmologiques miniatures qui apparaissent brièvement, affectant tout l’espace, avant de disparaître sans laisser de trace visible.

Adieu matière noire, adieu énergie noire ?

Ce qui rend cette théorie particulièrement provocante, c’est qu’elle n’a pas besoin de faire appel à la matière noire ni à l’énergie noire — deux composantes invisibles censées représenter 95 % de l’univers, mais jamais détectées directement.

À la place, Lieu suggère que ces singularités temporelles suffisent à expliquer les deux mystères fondamentaux :

  • La formation des structures cosmiques (galaxies, amas de galaxies), traditionnellement attribuée à la matière noire.

  • Et l’accélération de l’expansion de l’univers, jusque-là expliquée par l’énergie noire.

Ces singularités produiraient ce que l’on appelle une pression négative, un phénomène capable d’étirer l’espace de manière homogène, tout en respectant les lois fondamentales de la physique. Ce type de pression avait déjà été évoqué par Einstein en 1917 avec sa fameuse constante cosmologique.

Une théorie inspirée du passé… mais réinventée

Si cette idée vous semble familière, c’est peut-être parce qu’elle rappelle le modèle d’état stationnaire de Fred Hoyle dans les années 1950, qui proposait que la matière était créée en continu pour compenser l’expansion. Mais à l’époque, ce modèle violait la conservation de la masse et de l’énergie.

Lieu, lui, évite cet écueil en imaginant des créations de matière et d’énergie par « sauts », non continues, ce qui respecterait les lois de conservation.

Autre différence clé : dans cette nouvelle version, ces événements ne sont pas constants dans le temps, mais apparaissent de manière ponctuelle et imprévisible, à travers des singularités réparties dans le tissu temporel de l’univers.

Pourquoi ne les a-t-on jamais observées ?

Simplement parce que ces singularités seraient extrêmement brèves et rares, à l’échelle de l’univers. Leur apparition serait si rapide et diffuse qu’aucun instrument actuel ne pourrait les détecter directement. Mais leur effet global pourrait correspondre à ce que les astrophysiciens observent aujourd’hui.

Lieu propose même que les fameuses anomalies gravitationnelles que l’on attribue à la matière noire pourraient en réalité être le vestige de ces explosions passées.

Une théorie marginale… pour le moment

Comme toute théorie révolutionnaire, celle-ci reste hautement spéculative. Elle devra encore passer l’épreuve des observations, mais certains tests pourraient être faits à l’aide d’instruments terrestres, sans attendre les données coûteuses de télescopes spatiaux.

Reste à voir si cette hypothèse saura convaincre la communauté scientifique. Mais elle a le mérite de poser de bonnes questions : et si ce que nous prenions pour l’invisible n’était qu’un effet secondaire de phénomènes encore plus profonds et insaisissables ?

Les détails de l’étude sont publiés dans Classical and Quantum Gravity.

En résumé

  • Le Big Bang ne serait pas unique, mais suivi d’autres « explosions » dans le temps.

  • Ces singularités pourraient expliquer la structure et l’expansion de l’univers sans matière ni énergie noire.

  • Elles restent pour l’instant inobservables, mais pourraient être testées dans un futur proche.

  • Ce modèle pourrait bien réécrire notre compréhension de l’univers.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.