Et si la pandémie de Covid-19 pouvait influencer l’architecture et l’urbanisme ?

distanciation covid panneau
Crédits : chriscopley / Pixabay

La pandémie de Covid-19 impacte différents pans de notre société. Or, elle pourrait avoir une incidence sur la conception et le design de nos constructions et l’aménagement de nos villes.

L’exemple finlandais du siècle dernier

Le Paimio Sanatorium était une installation dédiée au traitement de la tuberculose et située dans le sud-ouest de la Finlande. Mis au point par l’architecte et designer Hugo Alvar Henrik Aalto en 1933, l’édifice était rigidement géométrique et fait de longs murs de fenêtres expansives qui enveloppaient sa façade. Le bâtiment comportait des chambres de couleur claire ainsi qu’une large terrasse sur le toit. Ces caractéristiques appartiennent à l’architecture moderniste des années 1920, qui ont notamment émergé en France avec Le Corbusier.

Toutefois, comme l’explique The New Yorker dans un article du 17 juin 2020, le choix des matériaux et du design se voulait utile. L’objectif ? Faire en sorte que le bâtiment fonctionne tel un instrument médical. Le fait est que la tuberculose était l’un des problèmes de santé les plus répandus au début du XXe siècle. Ainsi, chaque élément du Paimio Sanatorium a été pensé pour favoriser la guérison de la maladie.

Paimio Sanatorium
Crédits : Leon / Flickr

La conception des chambres a ainsi été réalisée en fonction de la position principale des patients : allongés sur leur lit. Le plafond arborait une couleur rappelant le silence, les sources de lumière se trouvaient en dehors du champ de vision du patient tandis que le chauffage était orienté vers ses pieds. Étant donné que le soleil s’est révélé efficace pour tuer les bactéries de la tuberculose, l’architecture a joué un rôle prépondérant dans le traitement, et pas seulement dans les chambres.

Lieux de vie, lieux de travail

Interrogé par le magazine étasunien, l’architecte Koray Duman pense que le Covid-19 bouleversera la conception et le design des bâtiments futurs. L’intéressé évoque un environnement modulable et un mobilier amovible, notamment au niveau des murs. L’expert pense que le confinement aura un effet durable sur notre subconscient. Par exemple, lorsqu’il s’agira de choisir un nouvel endroit où vivre, l’idée que l’on puisse y être confiné durant des semaines entrera sûrement en compte.

Outre nos lieux de vie, certains lieux de travail tels que les bureaux pourraient voir leur architecture chamboulée. Pour Jeroen Lokerse, l’un des directeurs du promoteur immobilier Cushman & Wakefield (Pays-Bas), la clé réside dans la « visualisation ». Dans ses propres locaux, le promoteur expérimente actuellement un nouveau concept. Il s’agit d’espaces de travail dans des cercles de 1,5 mètre de diamètre. Citons également la présence de fournitures jetables permettant à quiconque de prendre possession du poste sans risquer la contamination.

Un nouveau type d’urbanisme

Alors que la densification générale était le moteur du développement des villes, la tendance pourrait s’inverser quelque peu. Par exemple, certaines écoles réfléchissent à faire cours à l’extérieur et certaines voies de New York sont devenues entièrement piétonnes pour tenter de désengorger les parcs. À Vilnius (Lituanie), la municipalité a même permis aux bars et restaurants de s’installer dans des rues fermées. L’objectif ? Permettre que leurs tables soient à bonne distance les unes des autres.

Il est ici question d’un concept baptisé « urbanisme tactique », allant contre la densification et l’homogénéisation. Ce concept se base sur les approches de terrain et les expériences des habitants. Ainsi, nous pourrions peut-être dans un futur proche assister à une sorte de « renaissance » de l’architecture à l’échelon local.