Alors que les origines de la maladie de Crohn sont encore méconnues, des chercheurs ont dernièrement affirmé suivre une piste sérieuse. Selon eux, l’invasion d’un colibacille particulier pourrait être la source du problème.
Un colibacille potentiellement pathogène
Rappelons tout d’abord que la maladie de Crohn est une forme de maladie inflammatoire chronique de l’intestin. Elle touche environ 200 000 personnes, avec une prévalence particulièrement élevée dans le monde occidental. Son origine est encore peu connue. Toutefois, les scientifiques s’accordent pour dire que l’apparition des premiers symptômes serait une résultante de facteurs génétiques et environnementaux. Par ailleurs, l’inflammation du tube digestif est en lien à une hyperactivité du système immunitaire.
Et si la maladie de Crohn était en réalité causée par une bactérie ? Une équipe de chercheurs étasuniens et canadiens détaillent cette hypothèse dans une étude parue dans la revue Nature Communications le 1er avril 2021. Selon les scientifiques, le contexte inflammatoire de la maladie de Crohn favorise l’invasion d’un colibacille présent chez 70 à 80 % des patients.
Pour comprendre les travaux des chercheurs, il faut tout d’abord différencier l’E. coli commensal de l’E. coli Adhérent Invasif (ECAI). Le premier fait partie des bactéries communes d’un microbiote intestinal sain tandis que le second est potentiellement pathogène. Or, es chercheurs disent avoir identifié plusieurs gènes métaboliques au cœur d’une surexpression au moment d’une inflammation. Non seulement ces gènes permettent à l’ECAI de survivre, mais ils favorisent également sa multiplication.
Rien de certain pour l’instant
Parmi les gènes en question, citons celui codant pour le système de sécrétion de type IV (T4SS). Les scientifiques de l’étude ont utilisé un modèle murin reproduisant la maladie de Crohn. In vivo, les bactéries dépourvues du T4SS ne peuvent pas coloniser l’intestin. En revanche, la présence de ce même système permet aux ECAI d’adhérer à la muqueuse intestinale. Surtout, ces colibacilles forment ensuite un biofilm les protégeant des antibiotiques. Au passage, évoquons le fait que le T4SS se compose de plusieurs protéines formant un complexe autour d’un genre de trou (le pilus, ou pili au pluriel). Ces pili permettent aux bactéries d’échanger de l’ADN ainsi que de sécréter des protéines dans un milieu extérieur. Or, ils participent aussi à l’adhérence bactérienne ainsi qu’à la production de biofilms.
Ce n’est donc pas un hasard si ces ECAI protégés par leur biofilm rendent très compliquée la résolution l’état inflammatoire prépondérant dans la maladie de Crohn. Néanmoins, se pose la question de savoir si ces colibacilles sont ou non l’agent causal de la maladie. Pour les chercheurs, ils sont un déclencheur potentiel de la maladie de Crohn, mais d’autres recherches doivent être menées afin d’en avoir la confirmation.