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Et si le virus de la grippe provenait des profondeurs de l’océan ?

dessalement océan
Crédits : Free-Photos/Pixabay

En Australie, des biologistes ont détecté une des plus anciennes souches du virus de la grippe dans l’intestin d’un esturgeon. De plus, un parent éloigné de la grippe a été découvert chez des myxines, des animaux vertébrés vivant parfois à de grandes profondeurs.

Un arbre phylogénétique encore incomplet

Selon des chercheurs en biologie et virologie de l’Université de Sydney (Australie), la grippe pourrait être présente sur Terre depuis environ 600 millions d’années. Or, cette maladie pourrait avoir affecté en premier les poissons. Afin de parvenir à cette conclusion, les scientifiques ont effectué des séquençages génétiques qui ont révélé la présence d’une souche ancestrale du virus dans l’intestin d’un esturgeon de Sibérie.

Décrite dans la revue Nature en février 2023, cette découverte concerne tout de même l’une des plus anciennes souches du virus de la grippe. Il pourrait même s’agir de la souche originelle, responsable de toutes les autres formes de la maladie comme la grippe aviaire, la grippe porcine, la grippe espagnole et évidemment la grippe saisonnière. Du fait de la découverte de cette très ancienne souche, les chercheurs estiment que cette maladie affectait déjà les animaux aquatiques il y a des centaines millions d’années avant de commencer à contaminer des êtres vivants sur la terre ferme.

Malgré cette découverte, les chercheurs n’ont pas encore pu remonter entièrement « l’arbre généalogique » de la grippe (ou plutôt son arbre phylogénétique). Interrogée sur cette étude par France Info le 9 avril 2023, Mathilde Fontez, la rédactrice en chef du magazine scientifique Epsiloon, indique en effet que les scientifiques disposent pour l’instant de quelques morceaux de la généalogie du virus.

esturgeon de Sibérie
Esturgeon de Sibérie. Crédits : wrangel / iStock

Une histoire évolutive progressivement construite

Les biologistes australiens ont découvert des preuves de l’infection par un virus de la même famille chez les coraux avant même de détecter l’ancêtre de ce même virus chez l’esturgeon de Sibérie. D’après Mathilde Fontez, d’autres chercheurs avaient également découvert en 2018 un parent éloigné de la grippe chez des spécimens de myxine, une sorte d’anguille vertébrée vivant dans les grandes profondeurs. Enfin, d’autres recherches ont permis d’identifier certains virus de la grippe dans des génomes de homards en 2021.

Les séquences génétiques de tous ces virus permettent ainsi progressivement d’élaborer une histoire évolutive qui aurait vraisemblablement débuté dans l’eau il y a 600 millions d’années. Désormais, les scientifiques chercheront à mieux comprendre comment le virus est sorti de l’eau et continueront d’observer les sauts d’une espèce à l’autre. « Déjà, cette ébauche d’arbre phylogénétique montre les incroyables capacités de cette famille de virus pour se propager d’un type d’animal à un autre. C’est ce que l’on observe aujourd’hui, avec une certaine inquiétude, pour la grippe aviaire : des transmissions des oiseaux aux mammifères sont évoquées, à des phoques aux États-Unis ; des visons en Espagne ; des otaries au Pérou. », a déclaré Mathilde Fontez.