Notre espèce serait capable de ressentir de l’empathie envers les robots

Crédits : Rony Michaud/Pixabay

Au sein d’une nouvelle étude, des chercheurs japonais ont mis en évidence que les humains n’étaient pas insensibles face à la « souffrance » d’un robot humanoïde. En analysant l’activité électrique du cerveau d’un certain nombre de participants, ces scientifiques ont en effet pu démontrer que notre espèce était apte à ressentir de l’empathie envers les machines. Explications.

À l’heure où les machines sont de plus en plus présentes dans nos vies et que l’intelligence artificielle ne cesse de se développer, la compréhension des relations que nous entretenons avec les robots est devenue une préoccupation majeure pour un certain nombre de chercheurs. C’est pour cette raison que des scientifiques de l’université de Kyoto (Japon) ont voulu savoir si nous étions à même d’éprouver de l’empathie (capacité de comprendre la douleur d’autrui) envers des robots humanoïdes.

Pour ce faire, les chercheurs ont réalisé des électroencéphalogrammes (EEG) sur 15 adultes sains pendant que ces derniers observaient des photographies d’une main humaine ou robotique dans des situations douloureuses (ex: doigt tranché) et non douloureuses. Conformément à ce que l’on pouvait attendre, la majorité des participants ont déclaré être parfaitement conscients que les robots ne pouvaient pas ressentir de douleur. Pour autant, l’activité cérébrale enregistrée durant l’expérience suggère que les sujets de l’étude ont bel et bien ressenti de l’empathie lorsqu’ils ont vu la main robotique se faire cisailler le doigt. « Voir une main du robot se faire couper déclenche l’activation des mêmes neurones que s’il s’agissait d’une main humaine », ont déclaré les chercheurs dans leur étude publiée dans la revue Scientific Reports.

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Crédits : Michiteru Kitazaki/Scientific Reports

Cependant, les participants auraient tout de même éprouvé moins d’empathie envers la main robotique tranchée que pour celle d’un véritable être humain. Pour arriver à cette conclusion, les scientifiques ont comparé deux modes de traitement de l’empathie appelés respectivement « bottom-up » et « top-down ». Alors que le premier correspond à la contagion émotionnelle, c’est-à-dire la capacité à ressentir de manière réflexe la douleur d’autrui, le second se réfère à notre capacité cognitive à comprendre ce que les autres ressentent. Le mode « top-down » étant de nature plus complexe, il se déclenche également plus tard que le « bottom-up ».

Aussi, après analyse de ces deux processus par EEG, les chercheurs ont découvert que quel que soit la nature de la main meurtrie (humaine ou robotique), le mode « bottom-up » restait en toute circonstance similaire. En revanche, le processus « top-down » était quant à lui de bien moins forte intensité face à une machine. « Cet ‘écart empathique’ est sans doute lié au fait que nous avons des difficultés à nous mettre à la place des robots », a commenté Michiteru Kitazaki, principal auteur de l’étude.

Notons par ailleurs que deux études réalisées en 2013 par des chercheurs des universités de Duisbourg et d’Essen (Allemagne) avaient permis de mettre en évidence que les humains étaient également en mesure de ressentir une forme d’empathie pour des robots qui étaient quant à eux non humanoïdes.

Sources: Nature – S&A