L’Agence spatiale européenne (ESA) poursuit le développement de sa mission inédite visant à « intercepter » une comète entrante dans le Système solaire. Son lancement est prévu en 2028.
Nous avons déjà « visité » des comètes par le passé. Le 13 mars 1986, la sonde britannique Giotto s’est par exemple approchée très près de la comète de Halley. En 2016, l’ESA s’est également posée sur la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko. Ces études ont été et sont toujours précieuses pour notre compréhension du Système solaire. Toutefois, tous les objets de ce type étudiés à ce jour sont dits « à courte période ». Autrement dit, ils passent et repassent autour du Soleil depuis des millions d’années et, de fait, leur structure est depuis longtemps altérée.
Ce qu’aimerait l’ESA aujourd’hui, c’est étudier une comète à longue période, un objet « vierge » dont la surface n’a pas encore été « égratinée » par notre étoile.
Comer Interceptor
L’idée consisterait à placer trois modules (un vaisseau-mère et deux petites sondes) en orbite au point de Lagrange L2, à 1,5 million de km de la Terre où les forces gravitationnelles de la Terre et du Soleil s’équilibrent.
Ces trois modules étudieront la comète sous un angle différent avec chacun ses propres instruments. Le premier proposera une caméra haute résolution et un instrument infrarouge multispectral. Il sera également équipé pour étudier la poussière de l’objet. Le second disposera quant à lui d’un imageur à l’hydrogène, d’un autre instrument permettant la mesure du plasma et d’une caméra grand-angle. Enfin, le dernier module sera équipé pour cartographier le noyau de la comète.
En cas de succès, cette nouvelle mission pourrait donc nous permettre d’étudier un objet quasiment inchangé depuis la formation du Système solaire, il y a environ 4,6 milliards d’années.
Dans cet esprit, il y a quelques mois, l’ESA a bel et bien eu le feu vert pour développer cette mission baptisée « Comet Interceptor ». L’agence vient de sélectionner le centre Thales Alenia Space, au Royaume-Uni, pour concevoir le vaisseau-mère, tandis que JAXA (Japon) travaillera sur les sondes. Côté calendrier, le lancement de cette mission est prévu en 2028, en même temps que le télescope européen ARIEL qui sera chargé d’analyser la composition atmosphérique des exoplanètes.
Une mission inédite
Une telle mission est également un véritable pari dans la mesure où nous devons la préparer avant même d’avoir identifié une cible potentielle. Ceci dit, des programmes tels que Pan-STARRS (Hawaii) permettent aujourd’hui une détection quasi instantanée de ces nouveaux objets entrants. L’idée consiste donc à placer un satellite en orbite, « en attente » de la détection d’une nouvelle comète. Une fois appréhendé, cet objet pourra donc être analysé avec une précision sans précédent.
Notez qu’avec un peu de chance, nous pourrions même avoir l’occasion d’étudier des objets en provenance du milieu interstellaire. L’expérience d’Oumuamua nous a en effet appris que ce type d’intrusion dans notre système n’était peut-être pas si rare que ça.