Les éruptions volcaniques de faible magnitude seraient une plus grande menace que les méga-éruptions

volcans
Crédits : Pixabay.

Si l’humanité devait être bouleversée par le volcanisme, il est plus probable que ce soit par des éruptions de magnitude faible à modérée que par une éruption massive. C’est en tout cas ce qu’indiquent de nouveaux travaux dirigés par une équipe de chercheurs de l’Université de Cambridge (Angleterre). Les résultats ont été publiés sous forme de billet dans la revue Nature Communications ce 6 août. 

Lorsque l’on pense à des scénarios catastrophe dans lesquels le volcanisme bouleverse notre économie et nos sociétés, on imagine intuitivement de gigantesques éruptions dignes des meilleures productions hollywoodiennes. Au-delà du grand public, ce réflexe trouve également un certain écho dans le milieu scientifique.

En effet, la plupart des études dédiées aux impacts et aux conséquences du volcanisme ont porté sur les évènements de très forte amplitude. Or, un récent papier paru dans la revue Nature indique que les éruptions d’amplitudes plus faibles pourraient avoir des effets tout aussi dévastateurs. Se focaliser sur les évènements massifs, mais peu probables nous conduirait ainsi à sous-estimer le risque réel.

Des groupes de volcans à proximité de zones vulnérables

Les chercheurs ont identifié sept points-clés sur Terre où la survenue d’éruptions modérées suffirait à provoquer un enchaînement de catastrophes à l’échelon mondial. Et pour cause, en plus d’être actifs, les groupes de volcans en question se situent à proximité d’infrastructures et de réseaux de première importance pour l’économie globale.

On peut mentionner le groupe de volcans situé au nord de Taïwan, environnant une des principales régions du monde qui produisent et exportent des puces électroniques. Il y a aussi celui qui borde l’archipel indonésien jusqu’à l’île de Java, en passant par le détroit de Malacca où 40 % du commerce mondial flue chaque année par voie maritime.

volcans éruptions
Localisation des centres volcaniques de magnitude modérée situés à proximité d’infrastructures et systèmes sociétaux vulnérables. Un code couleurs représente les différents risques. Le lettrage indique quant à lui les impacts potentiels sur les infrastructures et réseaux économiques ou financiers. Crédits : Lara Mani & coll. 2021.

« Même une éruption mineure dans l’une des zones que nous identifions pourrait émettre suffisamment de cendres ou générer des tremblements de terre suffisamment importants pour perturber les réseaux qui sont au cœur des chaînes d’approvisionnement mondiales et des systèmes financiers », relate Lara Man, auteure principale du papier.

Une illustration concrète de l’asymétrie du risque

Lorsque l’on compare le coût économique associé à l’éruption du Pinatubo (Philippines) en 1991 à celui de l’Eyjafjallajökull (Islande) en 2010, on constate que cette dernière, pourtant cent fois moins puissante, a provoqué des pertes cinq fois plus importantes. La raison ? L’Eyjafjallajökull se situe dans une région critique, en particulier en ce qui concerne le réseau aérien. Le Pinatubo se situe quant à lui loin de toutes infrastructures vitales pour l’économie mondiale. Il n’aura ainsi coûté que 700 millions de dollars contre 5 milliards pour le volcan islandais.

« Pour le moment, les calculs sont trop biaisés en faveur d’explosions géantes ou de scénarios cauchemardesques, alors que les risques les plus probables proviennent d’évènements modérés qui entravent les principales communications internationales, les réseaux commerciaux ou les centres de transport », détaille Lara Man. « Cela est vrai aussi bien pour les tremblements de terre que les conditions météorologiques extrêmes ou les éruptions volcaniques ».