Éruption du Vésuve : des cellules cérébrales vitrifiées identifiées chez une victime

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Crédits : Pier Paolo Petrone, Université Federico II de Naples, Italie

Des chercheurs affirment avoir isolé des cellules neuronales parfaitement préservées dans le cerveau vitrifié d’un jeune homme décédé lors de l’éruption du Vésuve, il y a près de 2000 ans.

L’éruption du Vésuve en 79 apr. J.-C. a dévasté plusieurs anciennes villes romaines, notamment Pompéi, Stabiae, Oplontis et Herculanum, projetant dans le ciel une énorme colonne de roches en fusion et de cendres chaudes. Environ 2000 personnes ont rapidement succombé aux retombées de ces matériaux incandescents (les coulées pyroclastiques).

Certaines personnes ont également été enterrées si rapidement sous des matières chauffées à plus de 500°C que les tissus organiques de leur corps ont été préservés. D’après une étude publiée plus tôt cette année dans le New England Journal of Medicine, ces conditions extrêmes auraient même transformé le cerveau d’une victime « en verre ». Pour rappel, la vitrification est le processus par lequel une chaleur intense suivie d’un refroidissement rapide transforme les tissus en une substance vitreuse.

La victime en question est un homme d’une vingtaine d’années. Il y a quelques années, il avait été retrouvé allongé face contre terre sur un lit dans le Collège des Augustales (Collegium Augustalium d’Herculanum).

L’anthropologue Pier Paolo Petrone et son équipe, de l’Université Federico II de Naples (Italie), ont récemment analysé le cerveau vitrifié de ce pauvre jeune homme. Leurs travaux sont publiés dans la revue Plos One.

Des cellules neuronales préservées

Dans le cadre de cette étude, les chercheurs ont utilisé un microscope électronique à balayage dans le but d’appréhender les plus petits détails de l’échantillon. Ils ont alors isolé de minuscules structures sphériques et de longues structures tubulaires de 550 à 830 nanomètres de diamètre. Autrement dit, cela ressemblait à des neurones et à leurs projections appelées axones.

Une spectroscopie à rayons X à dispersion d’énergie, qui utilise les rayons X pour déterminer la composition chimique d’un matériau, a également permis de constater que ces structures étaient riches en carbone et en oxygène. Autrement dit, qu’elles étaient bien organiques.

Les scientifiques ont également poursuivi leur étude en se concentrant sur certaines protéines identifiées dans ces mêmes échantillons en début d’année. Ils ont alors isolé certaines protéines fortement exprimées dans les différentes parties du cerveau humain, à savoir le cortex cérébral, la glande pituitaire, l’amygdale, le cervelet, l’hippocampe ou encore la moelle épinière.

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Un fragment du cerveau vitrifié identifié chez une victime de l’éruption du Vésuve. Crédits : Pier Paolo Petrone

« La découverte de tissus cérébraux dans d’anciens restes humains est un événement inhabituel. Mais ce qui est extrêmement rare est la préservation intégrale des structures neuronales d’un système nerveux central vieux de 2 000 ans. Et dans notre cas, avec une résolution sans précédent« , conclut Pier Paolo Petrone dans un communiqué.

Zachary Throckmorton, chercheur à l’Université du Witwatersrand (Johannesburg) a apprécié l’utilisation par les auteurs de deux sources de données différentes pour étayer leur découverte. Néanmoins, il reste encore un peu perplexe. Pour être totalement convaincu, il aurait aimé voir ces images comparées à des tissus du système nerveux central de mammifères vitrifiés dans des conditions connues et contrôlées.