L’essence au plomb n’est plus utilisée dans aucun pays du monde. L’Algérie était en effet le dernier État à utiliser ce carburant. Le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) salue une étape majeure qui permettra de sauver chaque année plus de 1,2 million de vies.
Le plomb est un métal retrouvé majoritairement dans la croûte terrestre. Il propose un point de fusion bas et peut être facilement combiné avec d’autres métaux pour former des alliages. C’est la raison pour laquelle les humains l’utilisent sous différentes formes depuis des millénaires. Dans les années 1920, General Motors (GE) a finalement découvert que l’ajout d’un composé de plomb (le tétraéthyle) à l’essence améliorait les performances de ses moteurs. Son utilisation a ensuite été généralisée, malgré les effets dévastateurs du plomb sur la santé humaine qui, à l’époque, étaient déjà connus.
En effet, l’utilisation du plomb a été liée à de nombreuses maladies. À haute exposition, il peut en effet provoquer des coliques, douleurs abdominales, mais aussi conduire à des encéphalopathies, des neuropathies et au décès chez l’adulte et chez l’enfant. Le plomb influe également sur la pression artérielle, sur le système nerveux central, sur la fonction rénale chez l’adulte ainsi que sur la reproduction et le développement de l’enfant. Sur le plan environnemental, le plomb a également pollué l’air, la poussière, les sols et l’eau potable pendant une grande partie du siècle dernier.
Un long combat
Jusque dans les années 70, quasiment toute l’essence proposée dans le monde contenait du plomb. L’ONU a ensuite mis en place des partenariats visant à mettre fin à son utilisation. Les pays riches, à commencer par les États-Unis, ont été les premiers à l’éliminer progressivement. Dès les années 80, le « sans plomb », anciennement plus cher, est alors devenu la norme. D’autres pays ont mis plus de temps. La Corée du Nord, l’Afghanistan et le Myanmar ont par exemple cessé de vendre du carburant au plomb en 2016. Plus récemment, il ne restait que l’Algérie. Désormais, l’ère de l’essence au plomb est officiellement révolue.
L’ONU estime que la fin de l’utilisation de l’essence au plomb permettra d’éviter plus de 1,2 million de décès prématurés chaque année, d’augmenter les points de QI des enfants et d’économiser près de 3 000 milliards de dollars pour l’économie mondiale. Son élimination soutiendra également la restauration des écosystèmes, notamment urbains.
Désormais, le prochain défi sera d’éliminer progressivement les carburants fossiles. En ce sens, des progrès sont réalisés.
En France, les députés ont voté en juin 2019 la fin de la vente de voitures utilisant des énergies fossiles carbonées d’ici 2040. D’autres sont plus ambitieux. Il y a quelques mois, Gavin Newsom, le gouverneur démocrate de Californie, a en effet signé une ordonnance agressive soulignant que les véhicules de tourisme neufs équipés d’un moteur diesel ou à essence ne pourront être vendus dans l’État dès 2035. Au Royaume-Uni, Boris Johnson vient également de signer la fin des nouveaux véhicules essence et diesel dès 2030.