La future épidémie à l’origine de nombreux décès ne sera pas forcement causée par un virus

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Crédits : PxHere

Alors que l’humanité sort petit à petit de l’emprise du coronavirus SARS-CoV-2, il est certain que d’autres épidémies meurtrières verront le jour. Les alertes se multiplient au niveau des épidémies végétales. Sans toucher directement les humains, elles pourraient ainsi générer des famines.

Insectes ravageurs et champignons

Le bilan de la pandémie de Covid-19 se chiffre à plus de 219 millions de cas pour environ 4,5 millions de décès, dont 115 000 en France. Si actuellement, le monde sort progressivement de cette situation sanitaire, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) avait publié un rapport préoccupant en novembre 2020. Le document affirmait que « l’ère des pandémies » ne faisait que commencer. Pourtant, il n’y aurait dans l’immédiat aucune raison de se méfier d’un coronavirus ou autre virus touchant directement les humains à l’échelle mondiale.

En réalité, les victimes concernées sont les plantes, en proie à des insectes ravageurs et autres champignons dévastateurs. Dans un article du 21 juillet 2021, Fast Company rappelait que 600 espèces de ravageurs avaient déjà développé une certaine forme de résistance aux pesticides existants. En conséquence, les États-Unis essuient des pertes allant jusqu’à dix milliards de dollars chaque année.

Évoquons par exemple le psylle africain, un insecte à l’origine de la maladie du dragon jaune, touchant les agrumes et causant un verdissement. Cette maladie est présente en Asie, en Afrique, et désormais en Amérique tropicale et subtropicale. Depuis déjà plusieurs années, les orangers de Floride en font les frais et c’est aujourd’hui le tour des plantations méditerranéennes. Soulignons aussi l’existence du champignon Fusarium à l’origine de la maladie Race tropicale 4 (TR4) qui infecte les bananiers par les racines et entraîne un flétrissement mortel (voir ci-après). Cette maladie a ravagé les bananeraies d’Asie du Sud et d’Afrique ces dernières années. Aujourd’hui, l’Équateur, un des plus gros producteurs de bananes, est massivement touché.

plant de banane Fusarium
Crédits : FAO

Un risque de famine non négligeable

La possibilité que se produise une famine mondiale pour ce genre de raisons ne relève pas de la science-fiction. Rien qu’en Afrique, pas moins de 500 millions de personnes pourraient être en proie à l’insécurité alimentaire en raison de l’action des insectes migrateurs, maladies des plantes et autres agents nuisibles. Par ailleurs, la FAO a affirmé que pas moins de 37 % des récoltes de blé sont potentiellement menacées par la rouille jaune.

Dans le contexte actuel où le dérèglement climatique tient une place prépondérante, les craintes sont d’autant plus grandes. Une étude de 2018 soulignait qu’aujourd’hui, les principales cultures (maïs, riz, blé) subissaient des pertes allant de 5 à 20 % à cause des insectes ravageurs. Or, l’appétit de ces derniers augmentant avec les températures globales, chaque degré supplémentaire causerait des pertes supplémentaires que l’on estime entre 10 à 25 %. De plus, il sera sûrement question d’une multiplication des populations d’insectes dans des régions tempérées productrices de céréales sur trois continents.

Évidemment, la solution n’est pas de redoubler d’efforts au niveau des épandages de pesticides. Il faut dire que leur utilisation a déjà fortement augmenté ces dernières années. La science s’intéresse en effet davantage à la génétique afin de prévenir les futures catastrophes au niveau des récoltes. En la matière, citons par exemple le « maïs bt », résistant à la pyrale, présent sur plus des trois quarts des surfaces de maïs que l’on cultive aux États-Unis.