Environ 90% des manchots de cette colonie ont disparu, et personne ne sait pourquoi

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Crédits : Wikimedia Commons

La plus grande colonie de manchots royaux au monde s’est effondrée au cours de ces 30 dernières années. De 500 000 couples reproducteurs dans les années 1980, la population de l’île aux Cochons, aux portes de l’Antarctique, se réduit aujourd’hui à 60 000 couples reproducteurs. Et personne ne sait pourquoi.

Le déclin est massif  : sur l’île aux Cochons, dans le sud de l’océan Indien, la plus grande colonie de manchots royaux au monde observe une perte de 88 % des effectifs, soit un tiers de tous les manchots royaux du monde. Tel est le constat fait par des chercheurs du Centre d’études biologiques de Chizé (France), en collaboration avec l’Université du Cap en Afrique du Sud. Les résultats de cette étude sont rapportés dans la revue Antarctic Science.

En s’appuyant sur des données satellitaires à haute résolution à partir de 2005 et des images d’hélicoptères et de satellites prises en 1982 et 1988, les chercheurs du Centre d’études biologiques de Chizé ont récemment pu mesurer ces changements dans la colonie depuis 1982. Pour estimer la taille actuelle des colonies, l’équipe de recherche a étudié les contours de l’île et calculé la proportion de la végétation couverte. En effet, les colonies de manchots royaux reproducteurs occupent un sol plat ou en pente douce, non végétalisé, à raison de 1,6 à 2,2 oiseaux par mètre carré.

Le constat est déroutant à plus d’un titre, puisque les populations de colonies voisines sur d’autres îles n’ont pas connu de déclins similaires. Une colonie sur l’île de la Possession est restée plus ou moins stable depuis les années 1960, alors que celles situées sur l’île Marion et les îles Kerguelen ont augmenté. Cela amène les chercheurs à penser que la raison du déclin est propre à l’île aux Cochons, ce qui semble exclure le dérèglement du climat comme explication du déclin. Qu’en est-il alors ? Les chercheurs mettent en avant plusieurs possibilités.

L’épisode de dipôle de l’océan Indien en 1997, par exemple, où les températures de surface de l’eau avaient changé, avait affecté l’alimentation des manchots royaux sur l’île de la Possession, ce qui avait eu un impact négatif sur leur reproduction. Cette colonie s’est depuis rétablie, mais il est possible que cet événement ait eu un impact plus important sur la colonie de l’île aux Cochons, et que la situation tarde à se rétablir.

Une autre explication est la migration. Les manchots royaux ont tendance à rester fidèles à leur lieu de naissance et à leur premier lieu de reproduction. Mais les images satellites de 2005 ont montré une colonie séparée, plus proche de la plage et qui n’avait jamais été vue auparavant. Cependant, la taille de cette colonie était trop petite pour expliquer toute la perte.

Par ailleurs, des espèces introduites, telles que des chats sauvages et des souris domestiques, pourraient avoir un impact négatif sur la population – une infestation de tiques est également possible. Selon les chercheurs, une maladie affectant une si grande partie de la population serait sans précédent, mais on sait aussi que les tiques éliminent un grand nombre de manchots royaux.

La dernière fois que des chercheurs ont mis les pieds sur l’île, c’était en 1982. Et si l’imagerie satellite peut nous donner une approximation des effectifs, elle ne peut expliquer la cause de cette perte alarmante. La meilleure chose à faire est d’envoyer une expédition. « La cause du déclin massif de la colonie reste un mystère, qui doit être résolu », écrivent les chercheurs.

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