Ensemencement des nuages : des scientifiques ont pu déclencher des chutes de neige dans les reliefs de l’Idaho

neige Idaho
Image d'illustration. Crédits : goodfreephotos.

L’injection délibérée de particules d’iodure d’argent dans une couche nuageuse a le potentiel de favoriser la survenue de pluie ou de neige. Pour la première fois, des expériences en terrain montagneux (Idaho, États-Unis) ont permis d’établir de façon univoque cet effet. Autrement dit, de relier sans ambiguïté l’apparition de précipitations à l’injection d’iodure d’argent.

Le manque de pluie ou de neige, s’il s’articule sur une période de temps prolongée, altère sensiblement la vie socio-économique, la production d’énergie, l’environnement, etc. Aussi, dans un monde où la demande en eau a augmenté de façon rapide, l’idée de forcer les nuages à précipiter sur une région donnée a rapidement émergé.

On parle à ce titre de technique d’ensemencement des nuages. En effet, la stimulation des précipitations repose sur l’injection d’aérosols tels que l’iodure d’argent. Depuis environ 50 ans, des expériences sont réalisées à petite échelle dans diverses conditions et sur différents types de nuages. Toutefois, les résultats ont souvent été peu concluants. En particulier, en raison de la difficulté à lier de façon claire l’apparition ou le renforcement des précipitations aux injections de particules.

Une étude de cas sans précédent

Pour la première fois, ce lien a pu être mesuré et quantifié de manière très précise par une équipe de scientifiques de l’Université du Colorado (États-Unis). L’expérience consistait à ensemencer des parcelles nuageuses dans les régions montagneuses de l’Idaho. Ceci en vue de favoriser la formation de neige.

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Exemple d’un radar et d’une station météo portatifs déployés dans l’Idaho lors de la campagne SNOWIE (The Seeded and Natural Orographic Wintertime Clouds). Crédits : Joshua Aikins / Phys.org.

Au cours des tests, un réseau d’observations sophistiqué contenant radars et stations de mesures au sol a pu tracer en détail l’enchaînement des processus. Un suivi qui a permis d’objectiver le caractère artificiel des mécanismes à l’origine de la neige observée. Les résultats ont été publiés dans la revue PNAS le 30 janvier dernier.

« Nous avons suivi le panache d’ensemencement depuis le moment où nous l’avons injecté dans le nuage jusqu’à ce qu’il génère la neige qui est tombée sur le sol » indique Katja Friedrich, auteure principale de l’étude.

Des résultats éclairants pour les recherches futures 

Pour construire un échantillon significatif, trois injections de particules d’iodure d’argent ont eu lieu. Au total, elles ont favorisé le dépôt d’une quantité d’eau équivalente au contenu de 282 piscines olympiques. « Si nous n’avions pas ensemencé ces nuages, ils n’auraient produit aucune précipitation » précise Katia Friedrich.

rafales de vent neige
Rafales de vent durant une tempête de neige. Crédits : pxhere

Néanmoins, chaque situation météo est différente et les mêmes ensemencements auraient pu donner un résultat sensiblement différent quelques jours plus tard. La recherche se poursuit donc activement et l’étude discutée dans cet article joue le rôle d’éclaireur.

En outre, rappelons qu’en 2019, l’Idaho et six autres pays riverains du fleuve Colorado se sont accordés sur la poursuite des efforts de recherche dédiés à l’ensemencement des nuages. En effet, ces techniques pourraient s’avérer utiles à l’alimentation du réseau hydrique régional. Ce dernier dépendant du manteau neigeux qui se constitue sur les reliefs durant l’hiver. Avec une demande en eau qui augmente et un apport rendu plus irrégulier par le changement climatique, la perspective est bien de se préparer. Et dans cette optique, l’idéal est sans doute d’avoir plusieurs cordes à son arc.

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