De plus en plus d’enfants souffrent d’anxiété depuis la pandémie de Covid-19

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Selon une experte en sciences psychologiques et cérébrales, la pandémie de Covid-19 a enregistré une hausse significative des troubles anxieux chez les enfants et adolescents. À cause de cette anxiété, ces derniers ont aujourd’hui des difficultés à participer à certaines activités quotidiennes pourtant jugées comme étant essentielles.

Une anxiété causée par la privation d’interactions sociales

Se scolariser et plus généralement se socialiser est désormais plus compliqué pour les enfants et les adolescents. Or, il s’agirait d’un effet sur long terme qui résulterait de la crise sanitaire du Covid-19 qui a débuté en 2020. Dans un article publié le 19 septembre 2024, le magazine Futurity a interrogé Alyssa Farley, professeure assistante de recherche en sciences psychologiques et cérébrales à l’Université de Boston (États-Unis). La spécialiste a évoqué un « refus scolaire chronique » des jeunes, ce qui se traduit notamment par une augmentation de l’absentéisme.

Alyssa Farley a expliqué que certains mécanismes neurobiologiques de l’anxiété ont augmenté durant la pandémie. Cela occasionne alors par exemple une intolérance à l’incertitude, aux changements et à la détresse. Or, ces facteurs en lien avec l’anxiété ne sont aujourd’hui pas revenus à leurs niveaux pré-Covid. D’une manière générale, ce constat souligne la complexité de la relation entre le développement cérébral et l’exposition à un stress prolongé.

Cela interroge notamment les mécanismes de résilience ainsi que la plasticité neuronale qui peuvent, semble-t-il, être altérés dans un contexte d’une pandémie prolongée. En effet, la privation d’interactions sociales chez ces enfants et adolescents encore en développement impacte les circuits neuronaux qui jouent un rôle dans la régulation émotionnelle et les compétences sociales.

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Un facteur aggravant : l’hyperconnectivité numérique

Aujourd’hui, nombreux sont les enfants et ados qui éprouvent des difficultés à gérer les situations sociales complexes. Or, si la privation d’interactions sociales est principalement en cause, il existe un facteur aggravant : l’hyperconnectivité numérique. Durant la crise, l’exposition des jeunes aux écrans a en effet été décuplée, un changement de routine qui a visiblement fait des dégâts. Chez les adultes, l’exposition prolongée aux écrans peut déjà altérer le développement des fonctions exécutives essentielles pour la gestion de l’anxiété. Néanmoins, le phénomène est encore plus prononcé chez les jeunes. Les écrans peuvent alors devenir un moyen d’évitement pour les individus anxieux qui s’enferment alors dans un véritable cercle vicieux.

Pour Alyssa Farley, une approche thérapeutique basée sur l’exposition graduelle aux situations anxiogènes serait le meilleur moyen d’atténuer le problème. Le mieux serait d’encourager les activités alternatives qui favorisent les interactions sociales et les confrontations au monde réel. Quant à la gestion de l’anxiété elle-même, les parents doivent se montrer très à l’écoute des émotions de leurs enfants et les encourager en leur faisant confiance plutôt que de constamment les rassurer.

Bien plus qu’un simple effet secondaire de la pandémie de Covid-19, l’anxiété chez les jeunes devrait inquiéter. Il faut dire que le risque de voir apparaître une génération entière marquée par l’anxiété chronique et dont le développement social et cognitif a été altéré est tout à fait réel. Pour Alyssa Farley, il s’agit alors d’une occasion de repenser l’approche de la santé mentale chez les jeunes.