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Avant d’être sacrifiés, les enfants Incas étaient complètement shootés

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Deux enfants momifiés dans le sable. Crédits : John Verano

Les plantes hallucinogènes et les stimulants psychotropes jouaient un rôle important dans les croyances, les rituels et les pratiques divinatoires dans les Andes antiques. Plus récemment, des chercheurs ont par exemple isolé des traces de cocaïne et d’ayahuasca, une boisson hallucinogène, dans les corps de deux enfants sacrifiés au Pérou il y a plusieurs siècles.

L’Empire inca aurait existé au Pérou entre les années 1400 et 1533. Il s’agit de l’un des plus grands empires jamais vus dans les Amériques. Chez ce peuple, la Capacocha était un rite important qui impliquait généralement le sacrifice d’enfants. Le déroulement de ces rituels était motivé par la conviction que cela pouvait aider à éviter les catastrophes naturelles telles que les tremblements de terre, les éruptions volcaniques, mais aussi les périodes de sécheresse ou de pluies intenses.

Il y a quelques années, une équipe était notamment tombée sur les dépouilles d’un peu moins de 140 enfants membres de la culture Chimú près de l’ancienne cité de Chan Chan, victimes de l’un des plus grands sacrifices jamais enregistrés. Les chercheurs avaient alors découvert que ce sacrifice s’était produit à une époque où de fortes pluies s’abattaient sur la région, probablement en raison du phénomène El Niño. Or, nous savons que la culture Chimú prospérait en partie à grâce son agriculture intensive qui dépendait énormément de la météo.

Analyses toxicologiques

En 1995, des chercheurs sont tombés sur des individus sacrifiés sur le volcan Ampato, au sud du pays. Parmi les victimes se trouvaient deux enfants, dont l’âge est estimé entre six et sept ans. Tous deux seraient morts immolés il y a plus de 500 ans. Plus récemment, une équipe a effectué des tests de toxicologie sur les deux dépouilles. Pour ce faire, les chercheurs ont prélevé quelques cheveux de l’un d’entre eux, baptisé Ampato 2, et quelques ongles de l’autre, appelé Ampato 3.

Au cours de leurs analyses, les chercheurs ont pu identifier des traces de cocaïne, un alcaloïde tropanique extrait de la feuille de coca, dans les deux groupes d’échantillons. Ce n’est pas une première. D’autres traces similaires ont en effet déjà été décelées dans le cadre d’autres études portant sur les rituels de Capacocha.

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Une feuille de coca en Bolivie. Crédits : Marcello Casal Jr./ABr

Les deux enfants se sont également révélés positifs pour l’harmine et l’harmaline, deux alcaloïdes végétaux dont la seule source possible dans la région était le Banisteriopsis caapi. Il s’agit de lianes tropicales de la famille des Malpighiaceae, originaires d’Amazonie. Ces plantes sont souvent utilisées dans la préparation de l’ayahuasca (ou yagé), une boisson hallucinogène traditionnellement consommée par certains groupes indigènes.

« Les résultats de l’étude montrent qu’au cours des dernières semaines de la vie des victimes, celles-ci mâchaient des feuilles de coca et étaient intoxiquées par l’ayahuasca », note l’étude. D’après les chercheurs, les Incas ont peut-être consciemment utilisé les propriétés antidépressives et hallucinogènes de ces substances pour réduire les niveaux d’anxiété de leurs victimes.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.