Alors que l’énergie solaire est en passe de devenir l’une des sources d’énergie les moins onéreuses du marché, la surproduction pourrait être le meilleur chemin à emprunter. Gâcher une partie de cette énergie devrait permettre de garder les installations solaires compétitives.
Une pratique à l’encontre des standards
En décembre 2019, les analystes du groupe de conseil en énergie Wood Mackenzie affirmaient dans une publication que le prix des panneaux photovoltaïques avait fortement baissé ces dernières années. En effet, leur coût est aujourd’hui 90 % moins important qu’il y a une décennie. Ainsi, ces derniers ne sont plus seulement réservés aux personnes ayant des moyens financiers importants. Il s’avère que le coût des panneaux solaires a tellement baissé qu’aujourd’hui, les recettes provenant de la production égalent les frais d’exploitation des champs solaires (terrain, acier, etc.).
À partir de ce constat, le doctorant Marc Perez de l’Université Columbia (États-Unis) a essayé d’imaginer le réseau électrique le moins cher possible. Logiquement, l’intéressé a exploré l’énergie solaire. Sa publication dans la revue Solar Energy en mars 2019 propose une solution aussi originale que paradoxale. Le chercheur propose tout simplement de gâcher de l’énergie.
Évidemment, cette idée va à l’encontre de ce qui se fait habituellement chez les producteurs. En effet, ceux-ci cherchent avant tout à réduire un maximum les coûts d’exploitation afin d’assurer leur compétitivité sur le marché.
Viable seulement en matière d’économie
Marc Perez croit à son idée car selon lui, la surproduction d’énergie solaire ne coûte rien virtuellement. Or, ce n’est pas le cas des centrales à charbon, des centrales nucléaires et même de l’éolien. Le fait est que les panneaux photovoltaïques peuvent être très facilement désactivés, par exemple en les couvrant. Ainsi, le chercheur préconise la construction de champs solaires dont la production dépasse assez largement la demande.
L’objectif est de réduire les effets d’un des principaux défauts des énergies vertes, à savoir l’absence de stabilité des conditions météorologiques. En pratique, il s’agirait de désactiver les panneaux jugés inutiles et de stocker de l’énergie en quantité suffisante. Cette énergie servirait alors à compenser les moments où les conditions météo ne sont pas favorables à la production.
Néanmoins, cette solution intéressante a aussi ses mauvais côtés. En effet, la production des panneaux solaires eux-mêmes est loin d’être neutre en termes d’empreinte carbone. Ainsi, la question de leur recyclage sera cruciale lorsque d’énormes quantités de panneaux seront installées. Enfin, les champs solaires sont un fléau pour les oiseaux. Leur capacité réfléchissante perturbe les volatiles, et plusieurs dizaines de milliers perdent la vie pour cette raison chaque année.