L’endométriose pourrait quadrupler le risque de cancer de l’ovaire

L'endométriose pourrait quadrupler le risque de cancer de l'ovaire
Crédits : wildpixel/istock

Une nouvelle étude apporte des révélations importantes sur les liens potentiels entre l’endométriose et le cancer de l’ovaire. Les résultats suggèrent que les femmes atteintes d’endométriose pourraient avoir un risque considérablement plus élevé de développer ce type de cancer, en particulier pour celles qui souffrent de formes sévères de la maladie. Cependant, les experts mettent en garde contre une inquiétude excessive et soulignent que le risque global reste relativement faible.

Qu’est-ce que l’endométriose ?

L’endométriose est une affection chronique qui touche environ 10 % des femmes en âge de procréer. Elle se manifeste par la présence de tissu endométrial, normalement situé à l’intérieur de l’utérus, à l’extérieur de cet appareil reproducteur. Ce tissu ectopique peut se développer sur les ovaires, les trompes de Fallope, la surface extérieure de l’utérus et parfois même sur d’autres organes pelviens.

Lorsqu’il s’implante en dehors de l’utérus, ce tissu continue alors de réagir aux cycles hormonaux menstruels en provoquant des inflammations, des douleurs intenses et des cicatrices. Ces lésions peuvent entraîner des douleurs pelviennes chroniques, des douleurs pendant les rapports sexuels, des saignements menstruels abondants et, dans certains cas, des difficultés à concevoir, ce qui contribue à des problèmes d’infertilité.

La maladie est classée en différents stades en fonction de la gravité des lésions et de leur étendue, allant des stades légers avec quelques implants superficiels aux stades plus sévères avec des implants plus profonds et des adhérences significatives. Les symptômes varient considérablement d’une femme à l’autre et la gravité des symptômes ne correspond pas toujours à la gravité des lésions observées.

L’endométriose et le risque de cancer

Les recherches antérieures ont exploré divers aspects de l’endométriose, notamment son association avec un risque accru de certains types de cancers, en particulier les cancers de l’ovaire, de l’endomètre et du sein. Cependant, ces études ont souvent été limitées par la taille relativement petite des échantillons, les variations dans les critères de diagnostic et la diversité des types et stades d’endométriose étudiés. Les résultats ont donc parfois été contradictoires. Certaines études ont suggéré un lien plus fort entre endométriose et cancer de l’ovaire, tandis que d’autres n’ont trouvé qu’une association faible ou inexistante.

Cette nouvelle étude, publiée le 17 juillet dans la revue JAMA, visait ainsi à clarifier ce lien en analysant un large échantillon de femmes atteintes d’endométriose aux États-Unis.

Les détails de la découverte

Dans le cadre de cette étude, les chercheurs ont analysé une base de données vaste comprenant près de 78 900 femmes diagnostiquées avec de l’endométriose et environ 379 000 femmes sans cette maladie. Parmi ces groupes, environ 600 femmes ont été diagnostiquées avec un cancer de l’ovaire, ce qui a permis d’examiner les associations entre l’endométriose et le risque de ce type de cancer.

Les chercheurs ont classé l’endométriose en cinq catégories distinctes, en fonction des organes affectés par la maladie, notamment la membrane pelvienne, les ovaires et d’autres organes situés dans la région pelvienne et abdominale. Ils ont également différencié les cancers de l’ovaire en deux types : les cancers locaux qui se développent principalement dans la région ovarienne et les cancers agressifs qui tendent à se propager plus largement.

Les résultats ont alors révélé que les femmes atteintes d’endométriose présentaient en moyenne un risque 4,2 fois plus élevé de développer un cancer de l’ovaire au cours de leur vie que les femmes non atteintes de cette maladie, quel que soit le type. Dans ce groupe global, l’augmentation du risque était en outre plus élevée pour les cancers locaux que pour les cancers agressifs.

Chez les femmes dont l’affection touchait uniquement les organes pelviens, le risque de cancer était dix-neuf fois plus élevé que le risque de base. Chez les femmes dont l’endométriose touchait simultanément les organes pelviens et les ovaires, le risque était cette fois treize fois plus élevé. Là encore, le risque de cancer local était plus élevé que celui de cancer agressif, même si les deux risques étaient élevés.

endométriose
Crédits : Drazen Zigic/iStock

Les implications de ces recherches et des recommandations

Ces résultats apportent ainsi un nouvel éclairage sur les risques associés à l’endométriose, mais il est crucial de les interpréter dans un contexte plus large. Bien que le risque de cancer de l’ovaire soit significativement plus élevé pour les femmes atteintes d’endométriose, il reste relativement faible en termes absolus. Le risque de cancer de l’ovaire au cours de la vie pour les femmes sans endométriose est en effet de 1,3 %, tandis que pour celles atteintes d’endométriose, il est de 1,8 %. La nouvelle analyse suggère donc une augmentation de seulement 0,1 %, soit environ 10 cas supplémentaires pour 10 000 femmes atteintes d’endométriose.

Les experts recommandent ainsi de ne pas paniquer, mais de rester vigilants. Krina Zondervan, épidémiologiste en génomique et en reproduction à l’Université d’Oxford, souligne ainsi qu’il est prématuré de recommander des mesures préventives radicales comme l’ablation des ovaires pour les femmes atteintes d’endométriose, car cela pourrait entraîner des effets secondaires graves, comme une ménopause prématurée.

Le Dr Paul Yong, gynécologue au BC Women’s Centre for Pelvic Pain & Endometriosis, souligne quant à lui que davantage de recherches sont nécessaires pour identifier les patientes à risque élevé et développer des stratégies de prévention efficaces. En attendant, il est essentiel pour les femmes atteintes d’endométriose de discuter avec leurs médecins des options de surveillance et de prévention adaptées à leur situation individuelle.