Une récente étude suggère que les narvals ont prospéré pendant un million d’années avec une faible diversité génétique. Reste à savoir si l’espèce pourra tenir le coup face au réchauffement climatique.
Une équipe de chercheurs danois, du Musée d’histoire naturelle du Danemark, ont récemment entrepris de séquencer le génome du narval – la licorne des mers – retrouvé à l’ouest du Groenland. Après avoir comparé les résultats avec d’autres espèces originaires de l’Arctique – béluga, ours polaires et morses – les chercheurs se sont alors aperçus que la diversité génétique de la population de narvals était très faible. En d’autres termes, cela signifie que les narvals ne présentent pas beaucoup de variations génétiques entre chaque individus. Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Science.
Une espèce qui brise les codes
En temps normal, un tel constat suggère que l’espèce est en grand danger. Dans la très grande majorité des cas en effet, une faible diversité génétique implique une importante propension à la consanguinité. Des individus de la même famille se retrouvent obligés de s’accoupler entre eux pour assurer la survie de l’espèce. Malheureusement, la pratique augmente le risque de mutations dangereuses menaçant le pronostic vital de l’espèce. Une faible diversité génétique peut également impliquer ce que les chercheurs appellent « un goulet d’étranglement ». Dans ce cas, un événement survient et anéanti une grande partie de l’espèce.
Or, les chercheurs n’ont trouvé aucune preuve de forte consanguinité chez les narvals. Et leur population se porte clairement bien depuis au moins un million d’années. Au dernières nouvelles, ils seraient environ 170 000 dans le monde, suffisamment pour mener l’Union internationale pour la conservation de la nature à repenser le statut de l’espèce (de « presque menacé » à « moins préoccupant« ).
« Il y a cette notion selon laquelle pour survivre et résister aux changements, il faut une grande diversité génétique, mais il y a aussi cette espèce qui, depuis des millions d’années, présente une faible diversité génétique et qui est toujours présente« , explique Eline Lorzenen, principale auteure de l’étude.
Pressions environnementales
Le fait que les narvals soient confinés depuis toujours en Arctique pourrait expliquer cette faible diversité génétique, notent les chercheurs. En d’autres termes, ces animaux n’ont jamais vraiment eu besoin de se diversifier sur le plan génétique puisqu’ils ont toujours fréquenté le même environnement. Reste à voir comment l’espèce va réagir aux changements futurs. L’Arctique étant en première ligne face au réchauffement climatique, les pressions environnementales devraient se faire de plus en plus ressentir dans la région au cours de ces prochaines décennies.
« Notre étude ne peut pas dire si les narvals seront capables de s’adapter ou s’ils ont la plasticité nécessaire pour résister aux changements rapides, note la chercheuse. Mais ce que nous pouvons dire, c’est qu’ils ont cette très faible diversité génétique depuis très longtemps, et qu’ils sont toujours là« .
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