Selon des chercheurs, le gel est actuellement en retard dans la mer de Laptev (Sibérie) en raison des températures anormalement hautes dans la région. Or, ceci pourrait causer un effet d’entraînement dans la région polaire, une sorte de cercle vicieux dont il faudrait s’inquiéter.
Le gel le plus tardif depuis plus de 40 ans
Fin octobre 2020, la mer de Laptev en Sibérie n’a pas encore commencé à geler. Il s’agit d’une première pour cette région que l’on considère comme la principale « nurserie » de glaces de l’océan Arctique. Zachary Labe est un scientifique du climat à l’Université d’État du Colorado (États-Unis). L’intéressé a confirmé que la situation de la mer de Laptev est sans précédent dans la région de l’Arctique sibérien. Le chercheur a publié un tweet le 19 octobre 2020 accompagné d’un graphique très intéressant.
Comme le montre ce document, le dernier épisode préoccupant date de 2012. Néanmoins, l’eau avait fini par geler à la mi-septembre. Selon Zachary Labe, cette situation s’expliquerait par la hausse des températures des eaux. Or, celles-ci ont dépassé de 5°C les moyennes de saison. Une atmosphère plus chaude et des courants plus doux venant de l’Atlantique sont à l’origine de cette hausse de température perturbant la formation de la glace.
Une situation laissant peu de place à l’optimisme
La plus grande crainte face à cette situation est un effet d’entraînement. En effet, c’est tout un équilibre qui pourrait être perturbé. Le gel tardif de la mer de Laptev peut signifier l’apparition d’une calotte glaciaire plus fine. Celle-ci pourrait alors renvoyer la chaleur du Soleil de manière trop faible, ce qui devrait avoir pour effet d’accélérer son déclin. Rappelons au passage que depuis les années 1980, la banquise Arctique a fait l’objet d’une réduction de moitié de son épaisseur.
Outre son manque d’épaisseur, citons également sa fragilité. La glace de la mer de Laptev pourrait malheureusement se rompre avant d’atteindre le détroit de Fram (Groenland) où s’achève habituellement son cycle. Cette étape est très importante puisque celle-ci permet d’acheminer les nutriments nécessaires au plancton Arctique. Or, ce plancton est indispensable dans l’absorption du CO2 de l’atmosphère.
Le pessimisme concernant l’Arctique est donc de mise, à l’inverse de l’Antarctique enregistrant depuis septembre 2020 une banquise proche de la normale. À la même période, nous évoquions le fait que l’Arctique avait établi son second minimum annuel le plus bas jamais observé. Greenpeace avait même annoncé l’ouverture d’un nouvel océan sur le toit du monde.