En Savoie, le projet d’une piste de ski menace d’enterrer des marmottes entrées en hibernation

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Crédits : Pacote66/pixabay

En Savoie, un projet de piste de ski fait polémique. En effet, plusieurs associations soulignent que la zone est peuplée de marmottes actuellement en hibernation. Si les travaux devaient se poursuivre, les écologistes craignent que les rongeurs ne soient enterrés vivants.

Les travaux de terrassement de la Directissime, future piste de retour direct de la liaison entre les deux domaines skiables d’Albiez et des Karellis (Savoie) ont débuté il y a quelques semaines. Interrogé par Le Dauphiné, le maire de la commune d’Albiez-Montrond, Jean Didier, assure qu’elle sera prête pour cet hiver. En attendant, le projet inquiète plusieurs associations de défense animale.

Un véritable « HLM à marmottes ! »

Et pour cause, le terrain sur lequel doit être tapissée la piste serait en effet peuplé de marmottes actuellement en hibernation. Pour rappel, l’espèce est classée en Annexe III (« espèces de faune protégées ») de la Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe.

« Ce promontoire est un site très favorable aux marmottes, car il leur permet de repérer de loin les prédateurs et de se mettre à l’abri de l’humidité« , explique Annie Collombet, présidente de Vivre et Agir en Maurienne, qui a tiré la sonnette d’alarme. « Sur les lieux, plusieurs signes indiquent que les terriers sont toujours utilisés : la terre n’est pas sèche, et il y a énormément de trous, ce qui suggère que plusieurs familles s’y sont regroupées », poursuit-elle, qualifiant même la zone de « véritable HLM à marmottes » .

Le maire de la commune, de son côté, explique avoir fait faire une étude d’impact sur la faune et la flore avant les travaux. « On ne nous a jamais signalé un problème au niveau des marmottes« , assure t-il.

Annie Collombet convient qu’une étude succincte a certes été présentée. En revanche, elle souligne que l’ingénieur écologue qui l’a réalisée était « visiblement plus spécialiste des végétaux que des animaux« . Ce dernier aurait en effet recensé « 150 espèces de plantes, contre seulement deux espèces de papillons, quatre espèces d’oiseaux… et aucune de mammifère !« , assure t-elle. Or des marmottes, mais aussi des chamois et des lièvres sont également présents dans la région.

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Cercle large : zone des terriers. Petit cercle : piquet de chantier. Crédoits : V.A. Maurienne

Des rongeurs désormais incapables de fuir

Le maire poursuit, assurant être allé lui-même sur place et n’avoir vu aucun animal. « Il doit y avoir quelques vieux trous, car ces bêtes changent de terriers. Et puis avec l’arrivée des engins de chantier, [elles] ont dû être effrayées et partir ailleurs« , explique t-il au Parisien

Un avis que ne partage pas André Collas, administrateur de France-Nature-Environnement (FNE) Savoie. Ce dernier souligne en effet que les marmottes sont d’ores et déjà plongées dans leur « sommeil » métabolique. Autrement dit, en cas de danger en approche, elles seront incapables de fuir.

« En période d’hibernation les marmottes sont très peu réactives« , explique l’écologiste, joint par 30millionsdamis.fr. « Je me souviens d’un essai de sauvetage de marmottes en hibernation et menacées par une montée des eaux (barrage). Le sauvetage entrepris avait été, selon mes souvenirs, un échec car les marmottes ne s’étaient pas réveillées. En plus, en cas de fuite des marmottes hors de leur refuge d’hiver, comment pourraient-elles survivre avec le froid et l’absence de nourriture ?« .

Pour Annie Collombet, le seul moyen de maintenir l’intégrité du projet serait de contourner les terrier. En attendant, la construction de la piste skiable se poursuit toujours.