En plein solstice d’hiver, le Groenland enregistre des températures jusqu’à 30 °C supérieures aux normales

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Entre le 19 et le 22 décembre dernier, en plein solstice d’hiver, le Groenland a enregistré des températures vingt à trente degrés supérieures aux normales de saison. Un épisode de douceur d’une intensité remarquable qui a fait l’objet d’un communiqué spécial de la part de l’Institut Météorologique Danois (DMI) ce mardi.

La remontée d’une masse d’air d’origine subtropicale en flux de sud-est a provoqué une véritable envolée du thermomètre au Groenland, en particulier sur les côtes ouest et nord exposées à un vigoureux effet de foehn. On rappelle que ce phénomène survient en aval d’un relief, lorsque l’air est brutalement rabattu vers la surface et soumis à une compression adiabatique qui le réchauffe et l’assèche de façon notable.

Au Groenland, un avant-goût d’été en plein hiver

À Nuuk, la capitale du Groenland, le mercure est monté jusqu’à 13 °C le 20 décembre dernier, pour une normale climatique de -5 °C à cette période de l’année. La station de Kangerlussuaq située au sud-ouest de l’île a enregistré une maximale de 11,5 °C, alors que la normale en cette saison est d’environ -15 °C. Vers l’extrême nord-ouest du territoire, on a relevé 8,3 °C à Qaanaaq le 21 décembre et jusqu’à 8,6 °C le 22 décembre, une région où la température se situe plus habituellement autour de -20 °C. Au total, une dizaine de stations ont dépassé les 8 à 10 °C sur cet épisode.

Groenland
Anomalies de température à 2 mètres pour le 23 décembre. Notez l’évacuation des anomalies chaudes les plus marquées vers le nord du Groenland et l’île d’Ellesmere. Crédits : climatereanalyser.org.

Un épisode amplifié par le contexte climatique

Si des records de chaud ont vraisemblablement été battus, le DMI ne s’est pour l’instant pas prononcé sur le sujet. Notons toutefois que ces épisodes d’envolées thermiques ne sont pas aussi rares qu’on pourrait le penser. En effet, le phénomène de foehn est fréquent au Groenland, de même que la remontée de masses d’air depuis des latitudes très méridionales. En réalité, ce qui rend l’évènement en question exceptionnel est son ampleur spatio-temporelle.

« Il est un peu inhabituel que cela se produise simultanément sur un territoire aussi vaste et pendant aussi longtemps », rapporte à ce titre Caroline Drost Jensen, météorologue au DMI. Elle ajoute par ailleurs que « le réchauffement climatique sous-tend les températures élevées que nous observons actuellement au-dessus du Groenland et fait qu’elles sont généralement plus élevées que par le passé ».

Aussi, la survenue de cette phase de douceur hivernale se place dans une tendance forte au réchauffement de long terme. Durant ces quelques jours anormalement chauds, on a également observé une fonte superficielle de certaines langues glaciaires des côtes ouest et nord-ouest. Ainsi que l’anticipent les travaux de recherche, le nombre de jours de fonte et de pluie en hiver devrait continuer à augmenter à un rythme croissant au Groenland dans les décennies à venir.