Une équipe d’archéologues annonce la découverte de centaines d’ossements, de bois de rennes et d’artefacts, dont plusieurs dizaines de flèches, libérés des glaces dans les montagnes de Jotunheimen, en Norvège, à cause du réchauffement climatique.
Depuis plusieurs années, des archéologues des universités de Cambridge, d’Oslo et de Bergen entreprennent des fouilles sur la plaque de glace de Langfonne, située à 300 km au nord de la capitale norvégienne Oslo. Et pour cause, la structure a reculé de plus de 70% au cours des deux dernières décennies sous l’effet du réchauffement climatique. En conséquence, de nombreux artefacts se révèlent, permettant aux chercheurs de mieux appréhender la culture des anciennes populations locales.
Après avoir gardé sous silence les différents lieux de fouilles pendant plusieurs années, le temps de ramasser ce qu’ils pouvaient, les chercheurs détaillent finalement leurs découvertes dans The Holocene.
Des dizaines de flèches
Les plus anciennes trouvailles remontent à environ 6000 ans, selon la datation au radiocarbone. Elles comprennent des os et des bois de renne, ainsi que des bâtons utilisés pour rassembler les animaux, de manière à les chasser plus facilement.
Les chercheurs annoncent également la découverte de 68 flèches, dont certaines ont également 6000 ans. Cependant, la plupart ont été fabriquées durant le Néolithique tardif (2400-1750 avant notre ère). Ils remarquent également que les plus anciennes sont en mauvais état (écrasées), tandis que les autres sont bien conservées. Les chercheurs expliquent que le mouvement de la glace a certainement endommagé les outils les plus anciens. Aussi, ils suggèrent que les plaques de glace, qui sont des structures normalement statiques, se déplacent plus régulièrement qu’on ne le pensait.
Climate change has revealed a huge haul of ancient arrows in Norway https://t.co/ldKHlYsNV3 pic.twitter.com/GPfqmkOc8L
— New Scientist (@newscientist) November 25, 2020
Ce que nous raconte la glace
La découverte de ces flèches et d’os de cervidés confirme par ailleurs les soupçons antérieurs selon lesquels les hautes montagnes norvégiennes étaient des points chauds pour la chasse aux rennes. Les animaux se retiraient en effet dans ces contrées glacées pour éviter les insectes piqueurs pendant les mois d’été, tandis que les humains, armés d’arcs, de flèches, de bâtons et de couteaux, n’étaient jamais très loin derrière.
En réalité, tout dépendait de l’époque. Pendant certaines périodes, par exemple, l’équipe a trouvé beaucoup d’os de rennes, mais très peu de flèches. Cela suggère que les humains évitaient de chasser sur la glace. Au lieu de cela, les rennes étaient probablement tués par les carcajous, souligne Andrew Curry pour National Geographic. Ces prédateurs sont en effet connus pour enterrer leurs carcasses dans la neige de manière à les manger plus tard.
Entre 600 et 1300 apr. J.-C. cette fois (à peu près au temps des Vikings) les chercheurs ont isolé de nombreuses flèches, mais quasiment aucun ossement ou bois de renne. Là encore, ce n’est pas une coïncidence. À cette époque, les humains travaillaient en effet d’arrache-pied pour tuer les rennes sur la glace, de manière à pouvoir ensuite vendre leur fourrure et leurs bois comme marchandises.
Pour rappel, une équipe d’archéologues annonçait en avril dernier avoir identifié de nouveaux artefacts vikings libérés par la fonte du glacier de Lendbreen, retrouvé dans les mêmes montagnes. Parmi eux figuraient un couteau avec un manche en bois, les restes d’une chaussure, une mitaine en fourrure ou encore un bâton de marche révélant une inscription runique.