En mer, la « voix » des langoustes porte loin !

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Cette jeune langouste pouvait être entendue à des dizaines de mètres. Les plus gros spécimens, qui peuvent mesurer jusqu'à 60 centimètres de long, pouvaient être entendus jusqu'à 10 fois plus loin. Crédits : Erwan Amice/CNRS

Une étude nous révèle que les sons produits par les langoustes européennes peuvent être détectables jusqu’à 3 km sous l’eau. Une information décisive qui permet de mieux appréhender cette espèce menacée.

Physiquement, les langoustes (Palinurus elephas) qui fréquentent les eaux européennes se distinguent des homards par leurs épines pointues retrouvées sur leur carapace. Elles sont également plus charnues et n’ont pas de pinces. Par ailleurs, pour produire des sons, ces crustacés ont tendance à frotter deux parties de leurs longues antennes.

Dans le but de mieux comprendre ces « râpes antennaires », des chercheurs français et américains ont récemment enregistré plus de 1500 sons produits par 24 langoustes dans la baie de Sainte-Anne du Portzic, en France. Pour ce faire, ils ont utilisé des hydrophones (micros adaptés au milieu marin) situés à des distances comprises entre 0,5 et 100 mètres des crustacés.

Des sons détectables jusqu’à 3 km

Les résultats de ces travaux, publiés dans la revue Scientific Reports, montrent que les sons produits par les plus petits spécimens ne peuvent être enregistrés qu’à des distances allant jusqu’à 50 mètres. Cependant, les plus gros individus impliqués dans l’étude ont réussi à produire des sons détectables à une distance d’au moins 100 mètres.

En examinant comment l’intensité du son avait diminué à distance, et en tenant compte des niveaux élevés de bruit ambiant dans l’eau de la baie, les chercheurs ont estimé que les sons produits par les grandes langoustes pourraient potentiellement être détectés jusqu’à 400 mètres. En outre, ils suggèrent que les très gros spécimens – plus de deux kilos – peuvent probablement produire des sons détectables jusqu’à trois kilomètres.

Selon Youenn Jézéquel, doctorant en biologie marine à l’Université de Bretagne occidentale, à Brest, les langoustes peuvent produire de tels sons pour surprendre les prédateurs, tels que les pieuvres et les poissons. Cependant, la question de savoir si ces crustacés les utilisent également comme moyen de communication intraspécifique est encore ouverte.

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Crédits : Erwan Amice/CNRS

Analyser la santé de l’espèce

Nous savons que les langoustes sont très appréciées pour leur chair. Elles le sont tellement que cette espèce est aujourd’hui menacée et inscrite comme « vulnérable » sur la Liste rouge de l’UICN. Pour les chercheurs, ces travaux pourraient ainsi permettre une surveillance acoustique non invasive des langoustes afin de contribuer aux efforts de conservation.

« La plupart des efforts de conservation ont utilisé des trémails hautement invasifs et destructeurs pour estimer leurs densités de population et leurs distributions sous l’eau, explique le chercheur. L’acoustique passive apparaît plus respectueuse, celle-ci visant simplement à écouter les sons produits par les animaux marins pour obtenir des informations critiques. Cette méthode pourrait aider à localiser des individus, à estimer les densités de population ou à étudier les modèles d’activité dans un écosystème ».

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