En matière d’outils, nos ancêtres savaient ce qu’ils faisaient

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Crédits : Didier Descouens/wikipédia

Des chercheurs ont récemment testé les outils en pierre fabriqués par nos lointains ancêtres avec des techniques d’ingénierie modernes. Et, semble-t-il, ils savaient ce qu’ils faisaient.

Grâce aux registres fossiles, nous savons que les homonidés fabriquent et utilisent des outils en pierre depuis environ 2,6 millions d’années. Parmi ces premiers « ingénieurs » figurait Homo habilis, une espèce qui aurait vécu en Afrique de l’Est il y a entre 2,3 et 1,5 millions d’années environ.

Homo Habilis ne pourrait pas se confondre avec un humain de nos jours. Il se déplaçait debout, certes, mais il était très petit (les mâles ne dépassaient pas les 1,4 mètre de haut, et les femelles étaient beaucoup plus petites encore) avec de longs bras lui permettant de grimper aux arbres. Et côté visage, on se rapprochait quand même davantage du singe que de l’Homme.

Il n’empêche, il y a plusieurs décennies, des outils en pierre vieux de 1,8 millions d’années fabriqués de ses propres mains ont été retrouvés dans les gorges d’Olduvai, dans le nord de la Tanzanie. Ce qui suggère que, sous ses airs de primate, Homo Habilis avait quand même quelques compétences.

Les anthropologues travaillant sur le site d’Olduvai ont remarqué que ces hominidés avaient préféré certains types de pierres pour la confection de leurs outils. Le quartzite et le chert, par exemple, étaient le plus souvent utilisés pour les petits outils très tranchants. Et à l’inverse, le basalte semblait avoir été façonné pour fabriquer des pièces plus lourdes.

Mais la fabrication de ces outils a-t-elle pour autant été réfléchie ? Pourquoi avoir choisi telle ou telle roche ? Et pourquoi tel ou tel morceau en particulier ?

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Les gorges d’Olduvai. Crédits : Noel Feans/Wikipédia

Homo Habilis savait ce qu’il faisait

Pour tenter de le comprendre, l’anthropologue Alastair Key et son équipe de l’Université du Kent (Royaume-Uni) ont fait passer à ces outils une batterie de tests pour évaluer leur pouvoir de coupe et leur résistance dans le temps. Au cours de l’une de ces expériences, une machine devait par exemple tester chaque outil tranchant sur un tuyau en PVC de 2 mm d’épaisseur, et enregistrer la force nécessaire à appliquer pour couper le tuyau.

Au terme de ces tests, il est ressorti que le quartzite était la pierre la plus tranchante, juste devant le chert. En revanche, les bords de ces deux pierres se désagrégeaient très rapidement. Autrement dit, leur pouvoir de coupe était très bon, mais pour quelques utilisations seulement. Ensuite, elles étaient bonnes à jeter.

À l’inverse, le pouvoir de coupe du basalte n’était pas très bon. Grossièrement, pour couper la même chose, nos ancêtres devaient dépenser deux fois plus d’énergie que s’ils utilisaient du chert  ou du quartzite. En revanche, cette pierre était plus robuste, ce qui veut dire qu’elle durait davantage dans le temps.

Pour les chercheurs, le fait qu’Homo Habilis se soit appuyé sur le basalte pour la fabrication d’outils plus lourds n’est donc pas une coïncidence. Tout comme ce n’est pas une coïncidence si ces hominidés privilégiaient le chert ou le quartzite pour la fabrication d’outils efficaces mais jetables.

« Bien sûr, H. habilis n’a pas soigneusement mesuré la force nécessaire pour couper un membre d’une antilope fraîchement tuée, pour ensuite élaborer des plans pour tailler une lame plus efficace, explique Alastair Key. Mais il semble qu’ils aient tout de même remarqué quels matériaux fabriquaient des lames plus tranchantes et lesquels offraient un compromis entre la netteté et la durabilité, avant d’appliquer ces connaissances à la fabrication d’outils ».

Et pour une espèce aussi ancienne, ce n’est pas un mince exploit cognitif.

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