En Europe, l’ampleur et l’intensité des sécheresses s’accentueront dans les prochaines décennies

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Crédits : kamerman1960/Pixabay

Selon une étude récente réalisée par un groupe international de chercheurs, la surface du continent européen concernée par la sécheresse des sols pourrait doubler, dans un scénario de réchauffement global à 3 °C par rapport à l’époque préindustrielle. L’intensité et la durée de celles-ci devraient également s’accentuer. Cela pose la question de l’adaptation des populations et des activités économiques — comme l’agriculture — face à ce risque grandissant. 

Avec le réchauffement du climat, on s’attend à ce que l’évaporation de l’eau présente dans les sols devienne de plus en plus importante. De fait, lorsque les conditions météorologiques sont favorables, la probabilité d’avoir des sécheresses étendues, intenses et de longue durée, est augmentée. Ainsi, bien que l’occurrence d’un épisode de sécheresse ne puisse pas directement être imputée au changement climatique, ce dernier va avoir tendance à l’exacerber. Par ailleurs, l’assèchement des sols intensifie le réchauffement de la masse d’air – un effet qui s’exprime essentiellement entre le printemps et l’automne. Cette boucle amplificatrice a pu être mise en évidence durant l’été 2003, par exemple.

Une étude parue le 23 avril dernier dans la revue Nature Climate Change s’est intéressée à l’évolution de la surface concernée par les sécheresses en Europe ainsi qu’à leur durée dans différents scénarios de changement climatique pour ce siècle. Il en ressort que le réchauffement global induit une intensification et une extension significatives du déficit hydrique sur le continent européen. Cependant, l’impact n’est pas le même suivant la saison et la zone du continent considérée. Dans le nord, l’humidité des sols augmentera en hiver et au printemps et diminuera en été et en automne. À l’inverse, le sud de l’Europe s’asséchera, peu importe la saison.

L’amplitude des changements dépend fortement du scénario étudié. Avec un réchauffement de 3 °C par rapport au préindustriel – représentatif de la trajectoire actuelle —, la surface du continent concernée par la sécheresse doublerait, passant d’une moyenne de 13 % sur la période 1971-2000 à 26 %. Quant à la durée du déficit hydrique, elle serait multipliée par un facteur 2 à 3. Autrement dit, dès que les conditions météorologiques seront favorables à la mise en place d’une sécheresse, celle-ci s’exprimera plus facilement, sera plus étendue et durera plus longtemps. En conséquence, l’extrême de 2003 pourrait devenir deux fois plus fréquent. La zone méditerranéenne serait particulièrement touchée par cette évolution, la surface concernée passant de 28 % à 49 % dans le scénario le plus pessimiste. Au contraire, les portions atlantique, alpine et scandinave du continent seraient les moins affectées.

Ces projections confirment les résultats d’études antérieures. Elles suggèrent un besoin urgent d’adaptation des populations et des activités économiques qui dépendent de la disponibilité en eau, afin de minimiser les impacts socio-économiques des sécheresses futures et les tensions politiques qui pourraient en découler. Elles mettent également l’accent sur le besoin de limiter le réchauffement global dans le but de réduire la tendance à l’assèchement des sols et ses effets collatéraux sur la biodiversité.

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