En cas de désaccord, préparez-vous à faire tourner vos méninges !

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Il y a peu, des chercheurs étasuniens ont affirmé qu’être en désaccord avec une personne lors d’une conversation nécessite une importante mobilisation de ressources cognitives. Ceci est au contraire beaucoup moins le cas lorsque deux individus s’entendent au niveau de leurs opinions.

Comprendre l’activité du cerveau lors d’une conversation

Au fil des recherches, les neuroscientifiques comprennent de plus en plus les systèmes neuronaux en lien avec le langage. Néanmoins, certaines questions restent en suspens. Par exemple, comment les systèmes s’adaptent-ils selon le contexte des conversations ? Dans leur étude publiée dans la revue Frontiers of Human Neuroscience le 13 janvier 2021, des chercheurs de l’Université Yale (États-Unis) ont tenté de comprendre comment notre cerveau fonctionne lorsque l’on est d’accord ou non avec un interlocuteur.

L’équipe menée par la Pr. Joy Hirsch a recruté 38 participants. Ceux-ci ont alors renseigné leurs avis sur une trentaine de sujets très variés, touchant à la politique, l’environnement, l’éthique ou encore la philosophie. Les scientifiques ont présenté diverses affirmations sujettes à débat. Citons par exemple « la peine de mort devrait être interdite », « les jeux vidéos sont une perte de temps » ou encore « le cannabis devrait être légalisé ».

Une seconde étape consistait à former 19 binômes et les encourager à échanger sur un sujet. En parallèle, leur activité neuronale fut enregistrée grâce à l’Imagerie spectroscopique proche infrarouge (NIRS). Cette technique permet de mesurer l’oxygénation d’une zone du cerveau afin d’en comprendre l’activité.

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Le désaccord mobilise davantage de ressources

Selon les résultats, deux personnes en accord sur un sujet présentent une activité cérébrale harmonieuse et synchrone. Ceci est le fait de l’activité des régions du gyrus supramarginal, du champ oculomoteur frontal ainsi que du cortex fronto-polaire gauche. Ces zones du cerveau sont habituellement associées à l’attention visuelle dans un contexte social. Ainsi, les volontaires en accord ont probablement accordé moins d’attention aux signaux verbaux et non-verbaux de leur interlocuteur.

À l’inverse, un désaccord entre deux individus est plutôt relatif à une activité très réduite des zones évoquées plus haut. En revanche d’autres régions s’activaient, comme la région fronto-pariétale, le gyrus angulaire ainsi que le gyrus temporal supérieur. Or, ces régions s’impliquent généralement dans l’écoute active ainsi que dans certaines fonctions exécutives. Le fait est qu’en général, ces mécanismes cognitifs permettent aux personnes d’adapter leur comportement.

Pour la Pr. Joy Hirsch, le désaccord entre deux personnes engage de nombreuses ressources émotionnelles et cognitives, bien plus que lorsque ces mêmes personnes sont sur la même longueur d’onde.