De nouveaux travaux montrent qu’en Arctique, la fréquence des orages a été démultipliée au cours de la dernière décennie. À cet égard, le nombre d’impacts de foudre relevés en 2020 était 800 % plus élevé que celui observé au début des années 2010. Les résultats ont été publiés dans la revue Geophysical Research Letters ce 22 mars.
Lorsque l’on s’intéresse aux phénomènes orageux, les dernières régions du globe auxquelles on viendrait à penser sont les zones polaires nord et sud. En effet, le climat froid et la grande stabilité de l’atmosphère à ces latitudes inhibent très fortement les processus de convection à l’origine des orages.
Une hausse galopante des orages en Arctique
Toutefois, des scientifiques ont récemment étudié la question des orages qui surviennent de temps à autre en Arctique – essentiellement entre juin et août. Plus précisément, il s’agissait d’évaluer la fréquence et la distribution des impacts de foudre au-delà du 65e parallèle nord. Pour ce faire, ils ont utilisé les données d’observation acquises par le World Wide Lightning Location Network (WWLLN). Il s’agit d’un système de mesure des impacts de foudre basé sur la détection du signal radio émis par le canal de l’éclair. Les stations qui le constituent – réparties aux quatre coins du globe – permettent une couverture quasi globale de la planète.
La période travaillée par les chercheurs s’étend de 2010 à 2020. Or, sur cet intervalle temporel, ils ont trouvé que le nombre d’impacts de foudre avait triplé. Alors que les décharges arctiques représentaient 0,2 % du total mondial en 2010, ce chiffre est monté à 0,6 % en 2020. En termes de coups de foudre, ces pourcentages concrétisent un passage d’environ 18 000 impacts en 2010 à plus de 150 000 en 2020. Ou dit autrement, une hausse supérieure à 800 %.

Le réchauffement global mis en cause
Dans leur papier, les chercheurs relient cette augmentation au changement climatique qui rendrait l’atmosphère plus instable. En effet, avec le recul des glaces de mer et le réchauffement accéléré des continents adjacents, le profil vertical de température et d’humidité est fortement modifié. Ainsi, le monde arctique deviendrait une zone de plus en plus favorable au déploiement de la convection orageuse. En août 2019, on observait à ce titre une activité électrique notable à seulement quelques centaines de kilomètres du pôle nord.
Cette évolution a des implications on ne peut plus concrètes pour la sécurité des personnes et des biens. « Avec de longues périodes d’océan sans glace et une augmentation de la navigation dans l’Arctique, vous allez avoir le même souci que vous avez aux basses latitudes : quand il y a beaucoup de gens et qu’ils ne connaissent pas la menace de la foudre, cela devient un problème », explique Bob Holzworth, auteur principal de l’étude. En résumé, si le risque grandissant lié à la foudre n’est pas pris en compte, les populations nordiques et la navigation maritime risquent de devenir particulièrement vulnérables à cet aléa. Aussi, le besoin de préparation et d’adaptation a clairement été formulé par les chercheurs.