En Antarctique, la neige vire au rouge sang et ce n’est pas bon signe

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Crédits : Andriy Zotov

Près d’un centre de recherche en Antarctique, la neige s’est récemment drapée d’une teinte rouge a cause d’une prolifération d’algues. Et ce n’est pas vraiment une bonne nouvelle.

En se réveillant lundi matin dans leur base de recherche sur l’île de Galindez, en Antarctique, des glaciologues ukrainiens ont été surpris de constater que la neige avait viré au rouge. Après analyses, il s’est avéré que la coupable était une algue microscopique, Chlamydomonas nivalis – aussi appelée « algue des neiges ». C’est le ministère de l’Éducation et des Sciences d’Ukraine qui a publié la nouvelle le 24 février dernier sur sa page Facebook.

Ces petites algues, qui contiennent un pigment rouge de type caroténoïde (en plus de la chlorophylle), sont présentes partout sur la planète dans les régions très froides. Durant les mois d’hiver, elles restent normalement en dormance sous forme de spores, tranquillement enfouies sous quelques centimètres de neige ou de glace. Une fois que l’environnement se réchauffe, l’excès de lumière et d’eau liquide favorisent ensuite leur germination.

Une fois cette opération terminée, les algues se munissent alors de flagelles qui leur permettent de se déplacer vers la surface. Elles peuvent ensuite se reproduire et former de nouveaux spores.

Les températures très douces essuyées par l’Antarctique au cours de ces dernières semaines ont finalement permis à ces algues de remontrer plus rapidement en surface, où elles resteront également plus longtemps.

algues antarctique
Crédits : Andriy Zotov / Ministère ukrainien de l’éducation et des sciences

Un cercle vicieux

Le problème, c’est que cette couleur rouge assombrit considérablement la neige qui peut, de ce fait, moins réfléchir la lumière solaire. Ce qui n’est pas réfléchit est donc absorbé. Autrement dit, le sol de cette région de l’Antarctique emmagasine plus de chaleur que d’habitude. De manière plus globale, cela entraîne une fonte plus rapide des glaciers, déjà très instables.

S’installe ensuite un cercle vicieux. Car, comme le soulignent les chercheurs, plus la glace dans laquelle est contenue cette algue se met à fondre, et plus ces micro-organismes vont pouvoir se procurer l’eau dont ils ont besoin pour prospérer. « Ce processus est donc à la fois un résultat et une cause de changement climatique« , résume parfaitement Numerama.

Le cas qui nous intéresse ici est isolé, mais le phénomène est en réalité plus courant qu’on ne le pense. Dans une étude publiée en 2016 dans la revue Nature Communications, des chercheurs ont en effet révélé que ces algues peuvent réduire jusqu’à 13% l’albédo de la neige (sa réflectivité).

Malheureusement, selon toute vraisemblance, les températures mondiales vont continuer à se réchauffer au cours de ces prochaines décennies. Cela signifie que ce type d’événements ne fera que s’amplifier. À travers le monde, les algues vont ainsi proliférer plus tôt et sur des périodes plus longues, aggravant finalement sans cesse la situation climatique.

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