Des traces d’empreintes humaines vieilles de plusieurs dizaines de millions d’années découvertes sur une plage au Maroc forment l’une des pistes les plus grandes et les mieux préservées au monde.
Une découverte inopinée
La découverte de ce site exceptionnel a été totalement fortuite. Les chercheurs étaient en effet initialement engagés dans l’étude des rochers sur une plage voisine en 2022. Entre les marées, ils avaient alors décidé d’explorer une autre plage située plus au nord. Les chercheurs y ont identifié une première empreinte, puis une seconde, puis une troisième. Au final, cette plage abriterait deux pistes contenant au total 85 empreintes probablement créées par un groupe d’au moins cinq Homo sapiens modernes.

Des empreintes imprimées il y a 90 000 ans
Pour dater ces empreintes, les chercheurs ont fait appel à une technique de luminescence stimulée optiquement. Elle permet de déterminer le moment où des minéraux tels que le quartz ou le feldspath ont été exposés à la lumière du soleil ou à la chaleur pour la dernière fois. Cette méthode s’applique particulièrement aux sédiments, aux sols et aux artefacts archéologiques.
Dans le détail, le principe fondamental de cette méthode repose sur la capacité des minéraux à accumuler des électrons piégés dans leurs structures cristallines lorsqu’ils sont exposés à des rayonnements ionisants, tels que les rayons cosmiques ou la radioactivité naturelle présente dans le sol. Lorsque les minéraux sont ensuite exposés à la lumière, ces électrons piégés sont libérés sous forme de lumière visible. En mesurant la quantité de lumière émise lorsqu’un échantillon est stimulé par une source de lumière, les chercheurs peuvent estimer le temps écoulé depuis la dernière exposition à la lumière.
Dans le cas des empreintes humaines découvertes sur la plage au Maroc, la datation par luminescence stimulée optiquement a été utilisée pour déterminer l’âge des fins grains de quartz qui constituent le sable de la plage. Cela a permis aux chercheurs de remonter dans le temps et d’estimer que les empreintes ont été créées il y a environ 90 000 ans, à la fin du Pléistocène.
Des traces menacées
La préservation exceptionnelle des empreintes est attribuée à plusieurs facteurs, dont la disposition particulière de la plage et l’action des marées. La plage est en effet située sur une plateforme rocheuse couverte de sédiments argileux, ce qui crée ainsi des conditions idéales pour préserver les traces. Les marées ont quant à elles contribué à les enterrer rapidement.
L’équipe de recherche espère tirer davantage d’informations sur le mode de vie de ce groupe préhistorique en analysant davantage le site. Cependant, le danger imminent réside dans l’effondrement en cours de la plateforme rocheuse, ce qui pourrait entraîner la disparition de ces traces bien préservées. Il sera donc important d’effectuer une analyse rapide pour préserver ces informations précieuses.
Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Scientific Reports.
