À en juger par ses empreintes, ce dinosaure était visiblement blessé

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Crédits : Sally Wilder/Facebook

Une équipe de paléontologues annonce la découverte de six nouvelles empreintes de dinosaure. Leur analyse laisse à penser que l’animal qui les a imprimées dans le sol souffrait d’une blessure au pied gauche. En conséquence, il devait ajuster sa démarche. Les détails de l’étude sont publiés dans la revue PLOS ONE.

Empreintes et pathologies

Les pistes fossiles sont une excellente source d’information sur le comportement des animaux anciens, et notamment sur leurs pathologies. Certaines d’entre elles, liées à des malformations, ont été signalées sur les affleurements du Trias au Crétacé au cours de ces dernières décennies. La plupart des cas répertoriés font référence à des pathologies qui produisent une altération significative de la forme de l’empreinte due à des blessures ainsi que des raisons congénitales ou biomécaniques (c’est-à-dire des blessures ou des amputations).

Il existe également d’autres pathologies, pas nécessairement liées aux pieds, qui produisent des altérations du tracé. Un dinosaure vieux, malade ou ayant subi des blessures musculaires ou nerveuses sur le reste du corps pouvait en effet également modifier son style de marche, privilégiant l’utilisation d’un membre par rapport à un autre par exemple. Dans certains cas, cela peut générer une différence subtile dans la longueur des pas imprimés dans le sol. En revanche, il existe peu d’exemples de pathologies complexes associant malformations et altérations dans une longue piste de dinosaure, car la plupart de celles rapportées reposent sur une à trois empreintes.

Dans le cadre d’une nouvelle étude, une équipe dirigée par le paléontologue Carlos M. Herrera-Castillo, de l’Université autonome de Madrid, décrit quant à elle une piste anormale comprenant six empreintes imprimées par un dinosaure théropode non identifié. Ces empreintes ont été faites au niveau de la localité de Las Hoyas, en Espagne. Il s’agit d’un petit bassin de la Formation de La Huérguina, daté de 129 à 127 millions d’années. Le coin est bien connu des paléontologues en raison des corps fossiles exceptionnellement préservés dont la diversité va des algues aux vertébrés aquatiques et terrestres.

Un dinosaure clairement blessé

Pour ces travaux, les chercheurs ont utilisé plusieurs techniques pour décrire et modéliser les voies et les comparer à d’autres. D’après leurs analyses, les traces faites par le pied droit affichent bien les trois orteils attendus pour ce type de dinosaure. En revanche, ils soulignent que l’orteil le plus à l’intérieur du pied gauche n’est représenté que par des marques extrêmement courtes et de forme irrégulière dans le sédiment. Selon eux, cela indique une blessure ou une déformation de cet orteil.

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Comme vu sur cette image, au lieu d’être étendu vers l’avant, le deuxième orteil était recourbé vers l’arrière. Toutes les empreintes du pied gauche montrent cette déformation, à la différence des empreintes droites. Crédits : Universidad Autónoma de Madrid

De plus, les empreintes de pas sont plus espacées que les traces de théropodes typiques. Là encore, cela suggère que ce dinosaure était suffisamment blessé pour devoir ajuster sa démarche en conséquence. Cette hypothèse est également soutenue par certaines déformations dans les empreintes droites, indiquant que l’animal mettait plus de poids de ce côté. Enfin, les auteurs soulignent que des déformations similaires des orteils et des comportements de compensation similaires sont également observés chez les oiseaux modernes, et que les pieds de théropodes fossiles sont souvent trouvés avec des blessures sur les orteils les plus internes.

Prises ensemble, toutes ces observations laissent donc à penser que ce dinosaure était bel et bien blessé. Ces travaux mettent également en lumière la manière dont ces anciens animaux trouvaient des moyens de survivre malgré des revers pathologiques.