Une équipe de paléontologues annonce avoir identifié les plus anciennes empreintes humaines d’Allemagne, imprimées dans le sol il y a environ 300 000 ans. À cette époque, ces individus partageaient leur environnement avec Palaeoloxodon antiquus, un éléphant aux défenses droites. Que retenir de cette découverte ?
Le site paléolithique de Schöningen est un important site archéologique situé en Allemagne, dans la région de Basse-Saxe. Il est notamment célèbre pour la découverte de vestiges uniques et bien préservés datant du Paléolithique inférieur, il y a environ 300 000 ans, dont des lances en bois en excellent état de conservation. Mesurant environ deux à trois mètres de long et fabriquées à partir de branches d’arbres soigneusement sélectionnées, ces dernières sont aujourd’hui considérées comme les plus anciennes armes de chasse en bois connues à ce jour.
Ces armes étaient utilisées par les hominidés de l’époque, probablement des représentants du genre Homo heidelbergensis, une espèce éteinte qui vécut il y a environ 600 000 à 200 000 ans. Son nom est dérivé de Heidelberg, en Allemagne, où les premiers fossiles ont été découverts.
Les caractéristiques physiques d’Homo heidelbergensis montrent des traits intermédiaires entre Homo Erectus et Neandertal. Ces individus avaient en effet une structure corporelle plus robuste que les humains modernes, avec une capacité crânienne plus proche de celle des néandertaliens. Leurs visages étaient aussi plus proéminents, avec des sourcils épais et des arcades sourcilières prononcées. Par ailleurs, Homo heidelbergensis a montré des signes de développement culturel avancé. Ces humains étaient en effet capables de fabriquer des outils et armes sophistiqués, comme en témoignent ces fameuses lances en bois. On pense également qu’Homo heidelbergensis était capable de maîtriser le feu et de construire des abris rudimentaires.
Des empreintes au bord d’un lac
Une équipe qui menait des fouilles sur le site allemand annonce avoir identifié non pas des armes, mais des empreintes de pas datant de la même époque, toutes imprimées dans la boue molle autour d’un ancien lac. La présence d’aucune autre espèce humaine n’ayant été établie au même moment dans la région, il est probable que ces traces aient été faites par des membres de l’espèce Homo heidelbergensis.
L’étude, publiée dans la revue Quarternary Science Reviews, nous apprend également que deux des trois pistes proviennent d’individus qui n’étaient pas encore adultes.

Des traces de mégafaune
D’autres empreintes de pas sur le site proviennent de Palaeoloxodon antiquus, un éléphant aux défenses droites. Cette espèce éteinte est considérée comme l’un des plus grands éléphants ayant jamais existé. Les mâles adultes pouvaient atteindre une hauteur de près de quatre mètres et peser jusqu’à douze tonnes. Leurs défenses pouvaient quant à elles atteindre environ trois mètres de long. Il s’agirait des empreintes de Paleoloxodon les plus septentrionales jamais trouvées et les premières en Allemagne.
Enfin, les chercheurs ont également identifié la piste d’un ancien rhinocéros (Stephanorhinus kirchbergensis ou Stephanorhinus hemitoechus). Il s’agirait alors de la première empreinte de l’une ou l’autre de ces espèces du Pléistocène jamais trouvée en Europe.


Il est alors possible de se projeter avec ces quelques indices. Les chercheurs de l’Université de Tübingen, à l’origine de ces travaux, imaginent un groupe familial qui évoluait près de cet ancien plan d’eau entouré de forêts de bouleaux et de pins, et de plaines herbeuses.
Nous savons par ailleurs que si les éléphants à défenses droites étaient chassés par les Néandertaliens, aucune preuve ne laisse à penser que H. heidelbergensis avait la même capacité. Il est cependant possible que ces individus se soient attaqués à des proies plus petites ou qu’ils n’aient pas hésité à se servir sur des carcasses d’éléphants morts de cause naturelle. Selon la saison, des plantes, des fruits, des feuilles, des pousses et des champignons étaient également disponibles autour du lac, permettant ainsi à ces individus de se nourrir à peu près correctement.
