Cet « énorme dinosaure carnivore » était en réalité herbivore (et pas si grand)

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Crédits : Anthony Romilio

Il y a cinquante ans, l’analyse de traces de pas laissées par un dinosaure évoluant en Australie il y a 220 millions d’années laissait entendre qu’il s’agissait d’un prédateur féroce. Un nouvel examen de ces empreintes suggère que l’animal n’était pas un gros carnivore, comme le pensaient les paléontologues. Selon cette étude, il s’agissait d’un herbivore plus petit et au long cou.

Les empreintes ont le potentiel de fournir des informations sur les occurrences temporelles et spatiales des taxons de traceurs, une pléthore de leurs comportements (posture ou position par exemple), ainsi que des aspects révélateurs de leur écologie. Il en est de même pour les empreintes fossilisées qui, en fonction de leur état de préservation, peuvent être analysées pour obtenir des informations sur les anciens traceurs, mais il est parfois difficile d’obtenir le bon « diagnostic », en témoigne cette nouvelle étude.

Le théropode n’en était pas un

La présence de dinosaures au Trias (251,9 millions à 201,3 millions d’années) en Australie est uniquement prouvée par la présence d’empreintes de pas fossiles. Celle de la Formation de Blackstone, découverte en 1964 sous le toit d’une mine de charbon à 213 mètres sous la surface, avait depuis été attribuée à un grand prédateur d’environ deux mètres de haut au niveau des hanches pour environ six mètres de long.

Or, un réexamen de cette trace suggère que ses dimensions ont été surestimées. À l’époque, l’étude avait en effet intégré les traces de griffes trainantes, ce qui augmentait la longueur totale de l’empreinte jusqu’à 35%.

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Une image 3D de l’empreinte vieille de 220 millions d’années. Crédits : Anthony Romilio

La forme de cette trace (entre 40 et 43 centimètres de longueur) paraît également différente de celle des autres dinosaures théropodes de l’époque. En effet, « les empreintes des théropodes sont généralement longues et étroites. Par comparaison, cette empreinte était « trop ​​large » pour appartenir à un théropode« , soulignent les auteurs.

De même, « les orteils des dinosaures prédateurs se regroupent généralement, mais dans ces empreintes, ils sont largement écartés« , poursuivent les paléontologues. Enfin, la piste tend à s’orienter vers l’intérieur. Là encore, cette caractéristique n’a jamais été observée chez ce type de dinosaures.

Probablement un sauropodomorphe

Aussi, les paléontologues remettent en question les interprétations antérieures, pointant en réalité des caractéristiques communes avec le sauropodomorphe ichnogenus Evazoum. Pour rappel, on pense que les sauropodomorphes étaient les ancêtres des dinosaures sauropodes géants à long cou et herbivores, tels que le diplodocus.

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Illustration de ichnogenus Evazoum comparé à un humain de taille moyenne. Crédits : Anthony Romilio

À son époque, ce dinosaure herbivore d’environ 1,7 m de long avait probablement enfoncé ses pieds dans une surface marécageuse de plantes humides et de limon. Au fil du temps, des sédiments ont rempli ces traces avant de durcir, préservant finalement ces empreintes. Les plantes en dessous se sont transformées en charbon et le sable recouvrant les pistes s’est transformé en grès. Il y a cinquante ans, les mineurs de charbon ont extrait le charbon, révélant alors l’une de ces empreintes imprimées sur le plafond de grès.

Toutefois, même si les nouvelles découvertes révèlent que le dinosaure était un végétarien plus petit et non « un effrayant carnivore du Trias », la découverte est toujours importante et passionnante.