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Les émissions mondiales de CO2 sont de retour à leur niveau pré-COVID

Crédits : iStock

Alors que les négociations internationales se poursuivent à Glasgow (Écosse) dans le cadre de la COP26, le dernier bilan du Global Carbon Project confirme le rebond des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2) en 2021.

En effet, après avoir essuyé une baisse de 5,4 % en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19, les émissions de cette année connaîtront une hausse d’environ 4,9 %, avec une marge d’incertitude allant de 4,1 % à 5,7 %.

Émissions de CO2 : un retour au monde d’avant ?

En termes de quantité, cela correspond à quelque 36,5 milliards de tonnes de CO2 rejetées dans l’atmosphère. Comparé aux 36,7 milliards de tonnes émises en 2019 et aux 34,8 milliards de tonnes émises en 2020, c’est donc bel et bien un retour au monde d’avant qui se dessine. La raison est somme toute assez simple. Elle tient à une relance économique au sein d’un système toujours très dépendant des énergies fossiles que sont le charbon, le pétrole et le gaz naturel.

Émissions annuelles de CO2 (en milliards de tonnes) entre 1959 et 2021. Crédits : Global Carbon Project, 2021.

Lorsque l’on regarde les détails par pays, on constate que c’est surtout la Chine et, dans une moindre mesure, l’Inde qui participent au rebond évoqué. Non seulement la relance de ces pays a été précoce (Chine), mais elle a été fortement poussée par les secteurs de l’électricité (au charbon) et de l’industrie. Les autres pays ont également connu une nette reprise des émissions, même si celles-ci restent un peu inférieures aux niveaux qui prévalaient avant la pandémie. En Europe et aux États-Unis, elles demeurent par exemple inférieures de 4,2 % et 3,7 % à celles de 2019.

Dans leur rapport, les auteurs indiquent qu’avec le retour massif du trafic routier et aérien, les émissions pourraient augmenter encore un peu plus en 2022 et ce faisant établir un nouveau record historique. Ainsi, non seulement nous continuons à remplir le réservoir atmosphérique en gaz à effet de serre, mais nous continuons vraisemblablement à le remplir de plus en plus vite. « Le rebond rapide des émissions tandis que les économies se remettent de la pandémie renforce la nécessité d’une action mondiale immédiate contre le changement climatique », souligne Pierre Friedlingstein, auteur principal du papier.

Les objectifs de l’Accord de Paris en zone rouge

Pour calculer les émissions anthropiques totales, il faut également prendre en compte les rejets qui ne sont pas liés à l’utilisation des combustibles fossiles, mais à la déforestation et à l’usage des sols. Or, ceux-ci ont globalement diminué en raison d’une capture de carbone croissante par la végétation et d’une utilisation des terres plutôt stable. Lorsqu’on ajoute cette contribution, on obtient une émission annuelle quasi stabilisée autour des quarante milliards de tonnes de CO2 au cours de la dernière décennie.

Quantités d’émissions encore autorisées (orange, en milliards de tonnes de CO2) pour avoir au moins 50 % de chance de ne pas dépasser 1,5 °C et 2 °C de réchauffement global. Crédits : Global Carbon Project, 2021.

Au total, la teneur de l’atmosphère en CO2 devrait augmenter de 2 ppm (parties par million), amenant la valeur moyenne de l’année 2021 à 415 ppm. Or, si l’objectif des 1,5 °C ou des 2 °C de l’Accord de Paris veut être respecté, les émissions mondiales doivent respectivement tomber au net zéro d’ici 2050 et 2070, au plus tard.

« Atteindre le net zéro d’ici 2050 implique de réduire les émissions mondiales de CO2 d’environ 1,4 milliard de tonnes en moyenne chaque année. Les émissions ont diminué de 1,9 milliard de tonnes en 2020, donc pour atteindre le net zéro d’ici 2050, nous devons réduire les émissions chaque année d’un montant comparable à celui observé pendant la Covid », note Pierre Friedlingstein. « Cela met en évidence l’ampleur de l’action qui est maintenant requise, et donc l’importance des discussions de la COP26 ».

Damien Altendorf, expert nature et climat

Rédigé par Damien Altendorf, expert nature et climat

Habitant du Nord-est de la France, je suis avant tout un grand passionné de météorologie et de climatologie. Initialement rédacteur pour le site "Monsieur Météo", je contribue désormais à alimenter celui de "Sciencepost".