En 2021, des astronomes ont révélé l’existence d’une structure cosmique si vaste qu’elle semble défier les lois établies de la cosmologie. Baptisée “Arc Géant”, cette formation mesure 3,3 milliards d’années-lumière et remet en cause un principe fondamental : celui d’un univers homogène et isotrope. Sa découverte pourrait bien forcer les scientifiques à repenser certains des piliers de notre compréhension du cosmos.
Le principe cosmologique, fondement de la cosmologie moderne
Depuis le XVIIe siècle, la science n’a cessé de détrôner l’humanité de ses illusions de centralité. Nous avons appris que la Terre n’était pas le centre de l’univers, puis que notre Soleil n’était qu’une étoile parmi des milliards d’autres. Aujourd’hui, la cosmologie moderne repose sur une idée simple mais puissante : à très grande échelle, l’univers est uniforme. C’est ce que l’on appelle le principe cosmologique.
Ce principe stipule que, quelle que soit la direction dans laquelle on observe, l’univers devrait apparaître identique, à quelques variations près. Cette hypothèse est pratique : elle permet aux chercheurs de traiter les régions de l’univers observable comme représentatives du tout. Grâce à elle, les modèles cosmologiques actuels – qui expliquent l’évolution de l’univers depuis le Big Bang – ont pu être bâtis et validés par une multitude de tests.
Mais une limite est posée : si la matière de l’univers est statistiquement homogène à grande échelle, aucune structure ne devrait dépasser une taille d’environ 1,2 milliard d’années-lumière. Et c’est précisément là que l’Arc Géant pose problème.
Une structure démesurée révélée par les quasars
C’est en étudiant la lumière des quasars, ces noyaux de galaxies extrêmement lumineux situés à des milliards d’années-lumière, qu’une équipe menée par Alexia Lopez, alors doctorante à l’Université du Lancashire, a fait une découverte surprenante. Les chercheurs analysaient les spectres lumineux pour détecter l’empreinte laissée par le magnésium présent dans les nuages de gaz intergalactiques.
En reliant ces zones d’absorption, ils ont constaté un motif inattendu : une immense structure quasi symétrique composée de galaxies et de gaz s’étendant sur 3,3 milliards d’années-lumière, soit près de trois fois la limite théorique admise. Située à environ 9,2 milliards d’années-lumière de la Terre, cette formation a été baptisée “Arc Géant”.
Pour donner une idée de son ampleur, l’Arc Géant représente environ un quinzième du rayon de l’univers observable. S’il pouvait être vu à l’œil nu, il couvrirait une partie considérable du ciel, défiant toute comparaison avec les structures cosmiques connues.
Un défi majeur pour la théorie cosmologique
La découverte de l’Arc Géant a rapidement soulevé de nombreuses questions. Dans un univers isotrope et homogène, une telle structure ne devrait pas exister. Certains chercheurs avancent que cette observation pourrait être un hasard statistique extrêmement rare, permis par les fluctuations normales dans la distribution de la matière. Mais la probabilité semble si faible que cette explication peine à convaincre.
Pour d’autres, l’Arc Géant pourrait indiquer que notre compréhension des grandes structures de l’univers est incomplète. Peut-être existe-t-il des processus encore inconnus qui favorisent la formation de motifs cosmiques à des échelles gigantesques. Ou bien le principe cosmologique, pierre angulaire de la cosmologie moderne, pourrait devoir être amendé.
Si tel est le cas, les implications seraient considérables. Les équations qui décrivent l’évolution de l’univers, depuis la répartition de la matière noire jusqu’à l’expansion accélérée liée à l’énergie sombre, reposent toutes sur ce principe. Remettre en cause l’uniformité de l’univers à grande échelle, ce serait ouvrir la voie à des modèles entièrement nouveaux.
Le Grand Anneau, un voisin intrigant
Quelques années auparavant, les chercheurs avaient également identifié une nouvelle structure tout aussi déconcertante : le Grand Anneau. Découvert dans la même région du ciel, à seulement 12 degrés de l’Arc Géant, ce gigantesque ensemble forme une structure circulaire ou spiralée de 1,3 milliard d’années-lumière de diamètre et environ 4 milliards d’années-lumière de circonférence.
À cette échelle, l’objet défie l’imagination. Si l’on pouvait l’observer à l’œil nu, il occuperait une surface équivalente à une quinzaine de pleines lunes alignées dans le ciel. Tout comme l’Arc Géant, il a été mis en évidence grâce aux signaux lumineux des quasars, qui révèlent la présence de nuages de gaz intergalactiques dans la structure.
Là encore, la taille du Grand Anneau dépasse largement la limite des 1,2 milliard d’années-lumière fixée par la théorie. Plus troublant encore, son emplacement proche de l’Arc Géant laisse penser qu’il ne s’agit pas d’un hasard isolé. Deux structures aussi massives, voisines dans le cosmos, constituent un défi supplémentaire pour les modèles en vigueur.

Un mystère encore loin d’être résolu
Pour l’instant, l’Arc Géant reste un mystère. Sa taille, sa forme et son existence même ne s’accordent pas avec ce que les théories actuelles jugent possible. La découverte doit encore être confirmée par d’autres méthodes d’observation et par des études indépendantes. Si elle se confirme, elle rejoindra la liste grandissante des anomalies à grande échelle, qui, peu à peu, fragilisent le cadre théorique actuel.
Alexia Lopez elle-même reconnaît que nous ne savons pas encore ce que signifie la présence de cette structure. Est-ce une coïncidence, une singularité locale ou bien la preuve que l’univers n’est pas aussi uniforme que nous le pensions ? Pour l’instant, les cosmologistes se heurtent à plus de questions que de réponses.
Ce qui est sûr, c’est que l’Arc Géant pourrait bien devenir un tournant dans l’histoire de la cosmologie. Tout comme Copernic a obligé à renoncer à l’idée que la Terre était au centre du monde, cette découverte pourrait marquer le début d’une révision en profondeur de notre conception de l’univers.
