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Et si les éléphants étaient protégés du cancer grâce à leurs énormes testicules ?

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Crédits : Petch_A_Ratana/istock

Des preuves suggèrent que les éléphants ont un taux de cancer relativement faible par rapport à d’autres espèces, y compris les humains. Cette observation a suscité beaucoup de recherches pour tenter de comprendre les mécanismes sous-jacents. L’une des théories avancées se concentre sur la présence de gènes suppresseurs de tumeurs. Or, selon un biologiste de l’évolution de l’Université d’Oxford, la présence de ces nombreux gènes pourrait avoir un lien avec les testicules de ces animaux.

Qu’est-ce qu’un cancer ?

Ce qu’on appelle communément un cancer est une croissance et une propagation anormales de cellules dans le corps. En temps normal, les cellules du corps se divisent et se multiplient de manière contrôlée pour remplir les fonctions spécifiques de l’organisme. Dans le cas du cancer, des altérations génétiques ou épigénétiques se produisent, perturbant le processus de division cellulaire.

Les cellules se multiplient alors de manière incontrôlée et forment une masse de tissu anormal appelée tumeur. Les tumeurs peuvent être bénignes (non cancéreuses) ou malignes (cancéreuses). Les premières restent généralement confinées à leur site d’origine, tandis que les secondes ont la capacité d’envahir les tissus environnants. Ce processus est appelé métastase. Les causes du cancer sont multiples et complexes, tant chez les humains que chez les autres animaux. Elles incluent des facteurs génétiques, environnementaux et comportementaux.

Le paradoxe de Peto

Nous pourrions penser que les plus grands animaux, qui ont plus de cellules, sont de ce fait plus sujets au cancer. Dans les années 70, l’épidémiologiste Richard Peto observa pourtant que malgré le fait que les grands animaux aient plus de cellules susceptibles de se transformer en cellules cancéreuses en raison de leur taille corporelle, leur incidence réelle de cancer n’augmente pas proportionnellement. Cette observation est aujourd’hui connue sous le nom de paradoxe de Peto. Il suggère ainsi que la taille d’un organisme et le risque de cancer ne sont pas directement corrélés.

Plusieurs théories ont été avancées pour expliquer ce paradoxe. L’une d’elles propose que les grands animaux aient développé des mécanismes de suppression de tumeurs plus efficaces. Ces mécanismes peuvent inclure des systèmes de surveillance immunitaire plus robustes ou des gènes suppresseurs de tumeurs plus actifs. Les grands animaux peuvent également avoir des taux métaboliques plus lents, ce qui peut réduire les dommages oxydatifs et les mutations cellulaires.

Dans le cadre d’une étude récente, Fritz Vollrath, biologiste de l’évolution à l’Université d’Oxford, s’est intéressé au cas des éléphants qui ont un taux de cancer relativement faible par rapport à d’autres espèces malgré leur taille.

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Crédits : LindaMarieCaldwell/iStock

Un lien avec les testicules ?

Il y a quelques années, des recherches ont révélé que les éléphants possèdent une vingtaine de copies du gène TP53, tandis que les humains n’en ont qu’une. Ce gène est responsable de la production de la protéine p53. Considérez-la comme la « gardienne de l’intégrité du génome ». Elle surveille les dommages de l’ADN et intervient pour réparer ou éliminer les cellules endommagées. Sa présence aide ainsi à prévenir la formation de tumeurs et la propagation du cancer.

La question est de savoir pourquoi les éléphants ont développé vingt copies de ce gène. Fritz Vollrath pense que cela a un lien avec leurs testicules. Les testicules de nombreux animaux, y compris les humains, sont partiellement à l’extérieur de leur corps. Cela permet de les refroidir et de maintenir un sperme sain. Les raisons de cela ne sont pas claires, mais on suppose que des températures plus élevées entraînent une augmentation des dommages à l’ADN.

Cependant, les testicules d’éléphants sont étrangement situés à l’intérieur de leur corps. De ce fait, et étant donné que ces animaux évoluent dans des environnements chauds, la température de leurs testicules peut rapidement augmenter. En conséquence, les éléphants peuvent avoir du mal à fabriquer du sperme viable. Selon la théorie du chercheur, publiée dans la revue Trends in Ecology and Evolution, le fait d’avoir plusieurs copies du gène TP53 pourrait alors permettre de protéger ce sperme contre les dommages.

S’il est possible que plusieurs copies du gène p53 aient évolué pour protéger le sperme des éléphants des températures élevées, notez qu’il est évidemment toujours difficile d’évaluer pourquoi exactement un trait particulier a pu évoluer chez une espèce. Il est aussi possible que plusieurs copies du gène p53 aient évolué pour une autre raison encore inconnue.