Le rôle clé des éléphants de forêt pour lutter contre le changement climatique

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Crédits : vinioliverfotografia/pixabay

Si les éléphants de forêts venaient à disparaître, la forêt tropicale africaine, deuxième plus grande forêt tropicale sur terre, perdrait entre 6% et 9% de sa capacité à capter le carbone atmosphérique, amplifiant ainsi le changement climatique. Les détails de cette nouvelle étude, qui met en lumière les effets écologiques omniprésents des mégaherbivores, sont publiés dans la revue PNAS.

Les éléphants d’Afrique se différencient en deux espèces, d’un côté les éléphants de la savane africaine (Loxodonta cyclotis), et de l’autre ceux des forêts (Loxodonta cyclotis). Ces derniers, plus discrets, sont plus difficiles à étudier, et donc à protéger. Si nous savons que les éléphants de savane sont en très mauvaise posture, ceux des forêts sont également menacés. Selon un récent rapport de l’UCIN, ces derniers auraient en effet perdu près de neuf dixièmes de leur population en une seule génération. Autrement dit, ces pachydermes ne sont qu’à un pas de l’extinction à l’état sauvage.

Nous savons que la présence des éléphants, que ce soit en savane ou en forêt, a des effets très bénéfiques sur la biodiversité locale. Malgré tout, ces arguments plaidant en faveur de leur conservation ne suffisent pas, en témoigne le déclin toujours plus alarmant de leurs populations. Dans le cadre d’une récente étude, des chercheurs mettent en lumière un autre rôle clé de ces animaux, cette fois en faveur du climat. Explications.

Éclaircissement et dispersion des graines

Dans la forêt, on distingue les arbres à faible densité de carbone (bois léger) et les arbres à haute densité de carbone (bois lourd). Les premiers poussent rapidement et s’élèvent au-dessus des autres pour atteindre la lumière solaire. Les seconds poussent plus lentement et ont besoin de moins de lumière solaire.

Cela étant dit, les éléphants et autres mégaherbivores affectent l’abondance de ces plantes en se nourrissant davantage d’arbres à faible densité de carbone, plus goûteux et nutritifs. Ce faisant, les pachydermes éclaircissent la forêt comme le ferait un forestier pour favoriser la croissance de telle ou telle espèce. En conséquence, les arbres à haute teneur en carbone peuvent davantage prospérer.

Les éléphants s’attaquent également à ces arbres qui produisent souvent de gros fruits nutritifs. Leurs graines traversent alors l’intestin des éléphants puis sont libérées au sol à travers les excréments, où elles peuvent commencer à germer.

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Un groupe d’éléphants de forêt. Crédits : domaine public Unsplash/CC0

Une influence considérable

En d’autres termes, les éléphants sont les jardiniers de la forêt, favorisant la pousse des arbres à haute teneur en carbone en se débarrassant des « mauvaises herbes » (arbres à faible densité de carbone).

De fait, en raison de ces préférences, les éléphants sont directement liés à l’influence des niveaux de carbone dans l’atmosphère, dans la mesure où les arbres à haute densité de carbone stockent plus de carbone atmosphérique dans leur bois que ceux à faible densité de carbone. Selon l’étude, en cas de disparition pure et simple de ces animaux, cette forêt tropicale perdrait entre 6% et 9% de sa capacité à capter le carbone atmosphérique, amplifiant ainsi le changement climatique.

Forts de ces connaissances, les arguments en faveur de la conservation des éléphants de forêt du bassin du Congo et de l’Afrique de l’Ouest n’ont jamais été aussi grands. Reste à voir s’ils seront entendus.