De nouvelles données préliminaires confirment que la semaine dernière a été la plus chaude jamais enregistrée sur la planète, ce qui renforce la tendance établie le mois précédent. Juin 2023 avait en effet été le mois de juin le plus chaud jamais enregistré. Nous devons ces records à l’installation d’un nouvel El Niño qui se renforcera progressivement au cours de l’hiver et aura probablement un gros impact climatique mondial au cours de l’année prochaine.
« C’est une nouvelle inquiétante pour la planète »
Selon une analyse provisoire basée sur des données japonaises, la température mondiale moyenne du 1er au 7 juillet était de 17,24 degrés Celsius. C’est 0,3 °C au-dessus du précédent record établi en août 2016 avec ses 16,94 °C. Ces données, mises à la disposition de l’OMM, n’ont pas encore été confirmées. Cependant, elles sont cohérentes avec les données satellitaires du programme Copernicus.
Autre point inquiétant, cette chaleur exceptionnelle de juin et de début juillet s’est produite au début du développement d’un nouveau phénomène d’El Niño qui s’est installé depuis peu.
Pour rappel, on parle d’un phénomène El Niño lorsque les vents réguliers soufflant d’est en ouest le long de l’équateur faiblissent ou changent de direction. En conséquence, les masses d’eau chaude accumulées dans l’ouest de l’océan Pacifique se déplacent vers l’est, ce qui modifie les schémas atmosphériques. Les régions qui reçoivent normalement des précipitations limitées peuvent notamment connaître des pluies abondantes, tandis que certaines régions habituellement humides peuvent subir une période de sécheresse. Nous savons par ailleurs que les températures peuvent être plus élevées que la normale dans certaines régions.
Toutefois, il faut généralement patienter plusieurs semaines avant de pouvoir constater les premiers effets globaux d’un tel phénomène. Ainsi, les climatologues s’attendaient à une fin d’année 2023 et surtout à une année 2024 particulièrement chaudes. Or, il semblerait que ces effets se manifestent plus tôt que prévu.
« Nous sommes en territoire inconnu et nous pouvons nous attendre à ce que d’autres records tombent à mesure qu’El Niño se développe davantage. Ces impacts se prolongeront jusqu’en 2024« , s’inquiète Christopher Hewitt, directeur des services climatologiques de l’OMM. « C’est une nouvelle inquiétante pour la planète. »

Océans et Antarctique
Les températures mondiales à la surface de la mer ont également atteint un niveau record en mai et en juin, en particulier dans l’Atlantique Nord, ce qui aura de lourdes conséquences. « Les températures dans l’Atlantique Nord sont inédites et très préoccupantes. Ils sont bien plus élevés que tout ce que les modèles avaient prédit« , confirme ainsi le Dr Michael Sparrow, chef du Département de recherche sur le climat mondial de l’OMM. « Cela aura un effet d’entraînement sur les écosystèmes et la pêche et sur notre climat« .
Rappelons à ce titre que l’Atlantique Nord est l’un des principaux moteurs des phénomènes météorologiques extrêmes. Son réchauffement implique de plus en plus de risques d’ouragans et de cyclones tropicaux. Il est également associé à de fortes pluies ou à des périodes de sécheresse en Afrique de l’Ouest.
Ce niveau de chaleur enregistré dans l’Atlantique Nord est causé par une combinaison de circulation anormale à court terme dans l’atmosphère et de changements à plus long terme dans l’océan, selon l’évaluation du Copernicus Climate Change Service. Autrement dit, on ne pense pas que ce phénomène en particulier soit directement lié à El Niño qui vient tout juste de s’établir dans le Pacifique tropical.
Enfin, le rapport de l’OMM nous apprend que l’étendue de la glace en Antarctique a également été considérablement inférieure aux attentes au cours de la même période. Le rapport indique en effet 2,6 millions de kilomètres carrés de perte par rapport à la moyenne à long terme et 1,2 million de kilomètres carrés de perte par rapport au précédent record établi en 2022.